Ce texte fut un grand succès aux États-Unis pour le précieux témoignage qu’il constitue.
Une “fille de samouraï”, née alors que se met en place dans son pays ce virage à 180° de l’ère Meiji. Éduquée dans la rigueur absolue d’une vieille famille feodale, elle s'inscrit dans cet entre-deux : d’un pays fermé au reste du monde à une imitation de l’Occident et son industrialisation.
Avec une langue distanciée, une forme linéaire et simple, et un esprit subtilement spirituelle, elle raconte cette jeunesse d’un autre temps, son adolescence de déclassée, ses parents ayant perdu les avantages du système féodal précédent. Puis son mariage aux Etats-Unis avec un japonais dans l’import-export. Deux filles qui naissent et le décès précoce de son mari l’a pousse à retourner dans son pays natal afin de donner a ses enfants une éducation.
Elle retrouve enfin à nouveau le “Nouveau Monde” et y dévient une professeure de littérature et civilisation japonaise. La conscience, ou la lucidité, naît toujours d’une double appartenance. Impossible de voir son cul quand on est assis dessus. Elle regarde l’Amérique et le Japon. Au pays de l'oncle Sam, l'intégration est réussie : le respect et le pouvoir d’adaptation légendaire des nippons ne sont pas étrangers a cette réussite. Elle se convertit même au méthodisme. Une synthèse.
Et pointe un moment, au bout de ce raffinement et de cette recherche de l'excellence par un constant et effrayant dépassement de soi, une forme de poésie.
Les récits des entre deux mondes, deux époques, tels Les mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, portent la vigueur des périodes troublées et galvanisantes.
C’est enfin un portrait de femme de la fin du XIXe-début XXe siècle, qui affirme une certane individualité, malgré une éducation et une époque.
Amélie Nothomb réalise la préface de cette nouvelle édition par les éditions Bartillat : “Etsu Sugimoto raconte son parcours avec tant de fausse candeur que cela devient presque de l’espièglerie. Qui plus est, c’est un texte bouleversant. (...) Elle est irrésistible.”