Voilà de quoi surprendre le lecteur. met de côté sa fantaisie, son humour léger, parfois grinçant, échappe à la comédie dans ce nouveau roman sans pour autant perdre son talent de conteuse. Bien au contraire !
Cette fois-ci, elle plonge au cœur de la culture nordique et offre au lecteur un récit d'aventures vikings, une vraie saga de famille, parsemée d'expéditions lointaines, de malédictions tenaces, d'actes héroïques et braves, de péripéties nombreuses, d'histoires amoureuses et propose également une immersion au cœur de la société scandinave du Moyen-âge, originale et passionnante et assez truculente (mouton rôti, gruau aux baies fraîches, poisson séché, hydromel à volonté ; les festivités ne font que commencer !)
Un roman divertissant, égayé de nombreuses anecdotes, jamais ennuyeux mais dont on sent pourtant intrinsèquement l'ossature documentée, l'ardeur à ne pas s'éloigner de la réalité historique mais qui s'inscrit malgré tout (et c'est toute l'habileté de l'auteur) dans une lecture plaisir, ni ardue ni alourdie de références étendues.
Porté par un rythme d'ensemble dynamique, même si parfois, ça et là, des éléments de traduction, (soit maladroits ou s'inspirant de la langue de l'époque ; je n'ai pu trancher) perturbent légèrement la fluidité, ce récit reste séduisant, réjouit l'imaginaire, étonne. Clairement, il ravit le lecteur, emporté par l'exotisme et le pittoresque des descriptions, de Blekinge jusqu'à Constantinople.
Le roman, par un effet de va et vient entre deux histoires familiales, d'abord étrangères l'une à l'autre, navigue donc entre Orient et Occident, invite au voyage dès les premières pages.
Au sud de la Suède, d'abord, un charpentier de marine, Säbjörn, élève seul ses deux fils, Svarte et Kåre, secondé par sa belle-sœur, Völva (prêtresse), depuis que sa femme a mystérieusement disparu. Au-delà de la mer Baltique, à Kiev, un riche marchand de soie, père d'un fils aguerri au combat, Radoslav et d'une jeune fille, curieuse et très belle, Milka, promise aux plus nobles, voit son avenir et celui des siens perturbés lorsque la ville tombe aux mains des Petchénègues.
Commence alors un vaste périple, semé de rebondissements, de déconvenues cruelles mais aussi d'espoirs et de poésie, qui réunira certains membres des deux familles vers une destinée commune et plutôt heureuse. Bravant chacune de leur côté les malédictions, les rivalités fraternelles, les clans ennemis ou les incompréhensions culturelles, elles vont apprendre à vivre ensemble, se respecter, et de manière synchrone, révéler au lecteur curieux de nombreuses indications sur les conditions de vie de l'époque, sur les sociétés vikings, leur système de gouvernement, leurs rites incantatoires, leur brutalité aussi, leur rusticité également en comparaison du faste et du raffinement de l'Orient à la même époque.
C'est vivant, trépidant et coloré, touffu (on se perd parfois face au nombre important et aux sonorités inhabituelles des différentes populations) : un VRAI choc de civilisations enthousiasmant et divertissant.
Katarina Mazetti se renouvelle, oser changer d'ambiance (et de siècle). Loin de s'égarer, elle suspend en vol et de manière vigoureuse, ce sentiment de lassitude qui commençait à poindre dès « le caveau de famille ».
Une trêve à l'ennui plutôt réussie.