Très accessible et sans longueurs, ce roman graphique s'inspire de la vie de l'écrivain danois et offre au lecteur un récit sensible, entre histoire d'amour et d'aventures. A la fois documenté, instructif et divertissant, mais surtout très beau, il emmène le lecteur en voyage à travers le temps et les idées du début du XXème siècle, du Danemark jusqu'au Kenya, aux Etats-Unis, et s'il s'imprègne d'une ambiance assez mélancolique, parfois triste, il rend compte avec force et beaucoup d'admiration d'un destin de femme assumé, profondément libre et indépendant. Irrésistible et déterminé.
L'histoire, initiée comme un conte revêt vite un aspect plus réaliste et les somptueuses aquarelles de Terkel Risbjerg, aux teintes délavées, limpides et délicates, illustrent avec naturel, sans excès, cette destinée féminine et séduisent d'emblée.
Une immersion immédiate au cœur d'une histoire passionnante et convaincante, sentimentale et très attachante, suffisamment révélatrice et expressive de l'œuvre de l'auteure danoise pour susciter, ensuite (et presque à coup sûr), de nouveaux appétits littéraires.
A partir d'événements choisis et représentatifs de la vie de Karen Blixen, Anne-Caroline Pandolfo met en scène un personnage très étonnant, intensément romanesque, et parvient à saisir l'essentiel de ce qui le constitue, le façonne et le conduira, inexorablement, à devenir écrivain, dans la deuxième partie de son existence.
Une enfance danoise, entre rigueur morale et rêves de voyages lointains, durement éprouvée par le suicide d'un père adoré. Une jeunesse à l'étroit dans un manoir, qui s'émancipe grâce à la littérature et à la philosophie. Romantique et sensible, Karen s'éprend puis se méprend d'un homme qui la conduit jusqu'en Afrique, où elle se révèle vraiment, lumineuse et épanouie. Malgré un mari volage auprès duquel elle contracte la syphilis, elle ne renonce ni à sa liberté ni à son indépendance et rencontre un aristocrate anglais auprès duquel elle vivra une passion amoureuse exclusive et rare. Mais cruellement écourtée.
De chaque épreuve endurée, Karen Blixen se construit, rentre au Danemark et devient écrivain, d'abord honorée outre-Atlantique avant d'être reconnue par les siens jusqu'après sa mort en 1962. Elle a alors 77 ans.
Volontairement elliptique, égrenée avec parcimonie de quelques citations de Karen Blixen, La Lionne, au rythme fluide et à l'écriture concise et sans emphases, a su saisir avec beaucoup de grâce, toute la flamboyance d'une femme aventurière, exceptionnelle et magnétique. De plus, ce récit convainc le lecteur, avec envie et exaltation, qu'il est possible d'agir sur sa destinée propre. Karen Blixen en est la preuve. Le voilà séduit.