La Guerre des Clans (Cycle 1) Tome 1 : Retour à l'état sauvage

Un psaume pour les recyclés sauvages. Ou la bien étrange histoire de robots qui ont décidé de fuir ce qui est construit, pour renouer avec la nature. Sur cette planète, on vient dans le respect de l’environnement, grandement laissé à l’état sauvage. Et quand Dex, moine, décide de quitter la voie qui était la sienne, il finit par rencontrer un robot — une première depuis des générations.

Une religion universelle guide cette humanité — mélange de bouddhisme et d’hindouisme. Dex a pour vocation d’écouter les gens et de leur préparer la tasse de thé qui sera la plus en adéquation avec leurs besoins — ou en réponse à une détresse.

Frappé par une crise de foi, Dex se rend dans un ancien monastère, et là, rencontre Mosscap, un robot de construction : à l’instar des autres machines, il fait état d’une certaine sensibilité. Le pacte entre humains et robots était de ne plus avoir d’échanges, quand les seconds ont pris leur indépendance.

Le premier tome de cette trilogie ouvre la porte à une profonde réflexion sur les rapports entre nature et culture. Nulle question de religiosité, mais plutôt une approche sensible — le tout servi par un personnage présenté comme non binaire.

La traduction par le fameux « iel » en français déconcerte quelques instants… avant de devenir une forme presque universelle d’identité.

« J'ai encore fait un rêve avec ces types bizarres en combinaison d'astronaute… ça paraît fou mais j'ai l'impression qu'ils me surveillent quand je dors ! »

Andy est narcoleptique. Il s'endort tout le temps, une vraie plaie pour lui. Un jour, il s'endort et rencontre une créature… étrange. Et plus encore, il y trouve La Fabrique des rêves : l'endroit où tous les rêves de tous les humains sont produits. Il y découvre alors toute une mécanique quant à la construction des siens. Mais quand la Fabrique s'aperçoit qu'il a disparu de son propre rêve, tout le monde se lance à sa recherche. La situation d'Andy risque de devenir très dangereuse…

Des couleurs qui en jettent, une histoire réconfortante et amusante, un scénario très bien écrit et des illustrations qui nous emmènent dans la tête - et dans les rêves - d'Andy. Tout est là pour remplir les conditions d'une bonne BD. Tout se mélange et laisse place à une lecture que nous ne voulons pas arrêter et qu'on aimerait qui continue pour longtemps.

Une belle oeuvre qui parle de l'amitié, avec des références réconfortantes des films de notre enfance comme Monstres et Cie, des graphismes qui nous plongent dans un univers mélangeant douceur et énergie tout en parlant de la narcolepsie : une maladie du sommeil qui complique la vie de tous les jours, et qui n'est pas forcément facile à accepter…

Dans mon panthéon tout subjectif de la science-fiction, au croisement de l’adolescence finissante et de l’université débutante, il y a Frank Herbert. Parce que Dune – je veux dire, TOUT Dune – m’a littéralement retourné le cerveau.

Mais il en est un qui, lui, m’a ouvert d’autres mondes, tant il aimait à jouer les explorateurs fugaces d’univers parallèles, plausibles, déplaisants. C’est Philip K. Dick. J’avais consacré un long (très ? trop ?) papier à cette nouvelle traduction de Ubik, parce qu’Hélène Collon le vaut bien, parce que Dick le mérite, parce que je fais aussi ce que je veux.

Mais d’avoir enfin le livre dans les mains, de parcourir les pages et de piocher, juste par brèves vaporisations, ça transforme la semaine.

J’y ajoute Les Clans de la Lune alphane, véritable pépite où les maladies mentales croisent les gens normaux, qui sont probablement moins aptes à la normalité que les premiers. Là encore, des glissements invraisemblables.

… vous connaissez ?

Et si l'on prononce le nom de Yeti, du monstre du Loch Ness ou d'une autre bestiole du même acabit. Le brouillard commence à se dissiper. Et bien, vous venez de mettre la main sur les animaux les plus étranges que la nature soit en mesure de créer, pour peu qu'ils aient existé un jour. Pour être plus concret, vous voilà en plein cœur de la cryptozoologie, domaine d'exploration de l'auteur Alexandre Moix.

Quatre adolescents, Adèle, les jumeaux Béa et Boris, Tom le plus jeune de la bande, âgés respectivement de 17 à 10 ans, accompagnés de Nono le suricate, arrivent de New York pour passer les vacances de noël dans le manoir de leur grand-père, le Docteur Gérald Abelmans, fondateur de la cryptozoologie. Fraîchement débarqués sur une petite île enneigée au nord de la Norvège, des évènements plus étranges les uns que les autres se produisent. Un chalutier s'échoue mystérieusement sur une plage de Bretagne, un pétrolier se voit cisaillé par une créature étrange, une plate-forme d'exploitation pétrolière manque de sombrer dans les flots de la mer du nord. Aidé de Bob, le majordome, nos quatre aventuriers vont s'embarquer dans des péripéties endiablées, à la recherche d'une mystérieuse preuve confirmant définitivement l'existence du plus grand monstre marin jamais connu, le Kraken.

Avec ce premier livre d'une série de quatre, Alexandre Moix nous lance dans une aventure au rythme soutenu et efficace, proche du thriller scientifique. Les références scientifiques ne manquent pas et ponctuent agréablement le texte pour lui donner une touche de réalisme. Par certain côté, cette petite troupe d'adolescents n'est pas sans évoquer les aventures d'une autre bande, j'ai nommé le « Club des cinq ». Malgré un indéniable plaisir de lire, on peut regretter somme toute une fin prévisible, mais la découverte de ce premier volume est intense et ravira les plus jeunes dans une haletante course poursuite à travers toute une série de pays, de la Bretagne à l'Irlande, en passant par l'Allemagne.

Dan H.

L’horreur au bout du chemin… Pénétrant dans un entrepôt d’où sont sorties les forces spécialées totalement terrorisées, deux agents spéciaux avancent. Shaw et McGregor ont un passif commun : l’enquête sur un criminel de haut vol, entre meurtres d’enfants et pédophilie.

Elle est dans un état d’épuisement total. Lui, plus jeune, a la fraîcheur pour le porter. L’une désabusée, l’autre idéaliste.

Mais dans cet entrepôt, deux collègues les ont précédés, et n’en sont toujours pas sortis. Une promenade en enfer ? Voilà qui laisse songeur sur ce que pourrait réellement être le royaume du diable. Surtout quand tous deux se réveillent, ayant soudainement perdu conscience, en ayant toutes les caractéristiques d’un mort…

Reste maintenant, pour chacun, à affronter ses propres démons.

Ainsi que ceux qui occupent les lieux, bien décidés à leur réserver un chaleureux accueil.

Vis-à-Vis est le premier titre édité par Pika de la dessinatrice Miya que nous avions rencontrée lors du Salon du livre de Paris. Il s'agit d'un josei (titre pour jeunes femmes) manfra (manga réalisé par un auteur français). Et il fait bien avouer que par son humour très efficace ce josei sort de l'ordinaire et nous a offert un agréable moment de lecture.

Élodie, jeune femme de 19 ans, vit seule à Paris. Elle fait des études de commerce. Sa vie commence à basculer lorsqu'elle retrouve ses amies à la bibliothèque pour découvrir les résultats de ses premiers examens universitaires. Mathilde et Jeanne qui n'ont pas pu attendre Élodie savent déjà qu'elles sont admises en 2e année. Helas, Élodie va découvrir que c'est loin d'être son cas.

C'est à partir de là que commence une prise de conscience pour l'héroïne. Les fantômes du passé traînent toujours dans un coin de sa mémoire, son présent est comme en suspend et son avenir est plus qu'incertain. Comme souvent dans ces périodes c'est une, non deux en fait, rencontres qui vont débloquer la situation.

Un josei intéressant et bourré d'humour

Miya nous offre un josei intelligent, en prise avec les interrogations que l'on peut se poser lorsque l'on arrive à l'âge adulte et qu'il faut commencer à s'assumer tout seul. Le propos est intéressant et il est très bien relevé par une bonne dose d'humour. C'est un josei qui trouvera facilement sa place dans une collection et qui n'aura pas à rougir d'être à côté de classiques japonais du genre. On plonge complètement dans la vie d'Élodie et on se prend très vite à partager son questionnement. Les éléments de ce premier tome se mettent finement en place et l'on s'attache très vite à l'héroïne. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Son petit côté gaffeur et fille qui n’a pas de bol est tout à fait craquant.

Les passages en SD* sont des moments savoureux qui participent beaucoup au comique de ce titre. De manière générale, les dessins sont bien soignés. Le charac-design est bien léché avec des personnages un peu longilignes mais très bien proportionnés et avec tous leur petite originalité. Les expressions des visages sont bien nettes ce qui confère à chaque personnage un caractère bien marqué. Les décors enfin, sont peut-être un peu trop effacés par les trames. Ce qui est dommage, car là encore la manfraka (auteure de manfra) sait fournir un beau travail.

Vis-à-Vis tome 1 de Miya est un titre appréciable sur bien des points. En fait, il possède tous les ingrédients d'un bon josei, une histoire intéressante avec un questionnement intime, de l'humour, des dessins bien réussis, des personnages attachants et... de l'amour (ba oui quand même un peu, même si nous n'avons pas vraiment évoqué la question). Bref, c'est un titre qui nous a fait passer un agréable moment. Le tome 2 de Vis-à-Vis est déjà en librairie.

Vis-à-Vis tome 1 de Miya est édité par Pika (collection shojo). Vous pourrez vous le procurer pour 6,95 €. Le tome 2 est déjà disponible.

*SD ou Super Déformé : façon de dessiner les personnages en leur donnant une tête énorme et un petit corps. Une technique très utilisé dans la série Le collège fou fou fou (ou High School! Kimengumi pour le titre original).

Le webtoon français qui rassemble déjà plus de 6 millions de vues fait finalement son entrée en librairie. Colossale, c’est l’histoire de Jade jeune aristocrate française qui a bien du mal à se plier aux obligations que son statut lui impose.

Fan de musculation, elle est loin des rêves de princesses et de mariages que sa mère échafaude pour elle.

Pour autant, c’est bien sur ses épaules musclées que repose l’avenir de son nom, c’est pourquoi elle doit tout faire pour ne pas ternir son image et que son secret soit bien gardé. De rallyes mondains en activités réservées aux jeunes femmes de son rang, la vie de Jade n’est pas de tout repos.

Romance féministe, drôle et engagée qui associe sans mal musculation et aristocratie, le récit vient remettre en cause les apparences, les stéréotypes de genre et les codes de la société le tout avec un texte pêchu et plein d’humour.

Le premier tome réunit une dizaine d’épisodes avec en prime un programme de musculation pour débutant et une interview des autrices. Avec un trait fluide, dynamique et très expressif pour Diane Truc au dessin et Rutile au scénario d’une rare fraîcheur, le duo est en passe de séduire plus d’un lecteur !

Ancienne judokate, Kokoro trouve son premier emploi chez un éditeur de mangas. La voilà membre de la rédaction du magazine de prépublication "Vibes". Un milieu intense où on est sans cesse débordé, où il faut se plier aux exigences des mangakas et ne jamais perdre de vue sa passion première.

La série Réimp'! (5 tomes parus) nous plonge au cœur du monde de l'édition du manga au Japon. C'est l'occasion d'en apprendre beaucoup sur ce qui se passe en coulisse, mais Réimp' est aussi une série riche en émotions, pleine de rebondissements et de personnages attachants. Chaque volume est complété par une interview de professionnels français du manga.

Une magnifique série pour vibrer et tout savoir sur l'édition de mangas.

Tout juste lauréat du Prix Fauve patrimoine du festival d’Angoulême, Hisashi Sakaguchi renaît avec une nouvelle édition de son Ikkyu, parue en France pour la première fois en 1996.

Élève du grand maître Osamu Tezuka, papa d’Astro boy, Sakaguchi meurt en 1995 alors qu’il venait de finaliser la couverture du dernier Ikkyu. 

Ikkyu reprend l’histoire d’un célèbre moine japonais du XVe siècle. Les 4 tomes, selon l’édition Revival, retracent la vie entière de ce personnage anticonformiste.

Le premier album, sorti ce 15 février, narre l’enfance du héros, fils illégitime d'un empereur, et de son chemin vers le bouddhisme zen.

Irlande, 1846. L'île est ravagée par la misère et la famine. Les récoltent pourrissent et les paysans se meurent. Keira, fille de cuisinière, a la chance d'avoir un travail de femme de chambre chez une riche famille de la noblesse anglaise, qui la protège et la nourrit. Entre la froideur de sa mère, la jalousie de sa maîtresse et la situation déplorable d'une famille amie de paysans, la jeune fille découvre le monde et ses horreurs. Tenaillée par l'envie de liberté mais culpabilisée par sa situation plus qu'enviable, Keira regarde se dérouler sa vie de domestique, bercée par l'anneau de Claddagh magique qui la lie à sa grand-mère décédée.

Alors que son existence semblait déjà toute tracée, elle rencontre Arthur Carmichael, fils d'une noble famille voisine, dont elle tombe éperdument amoureuse. Ses sentiments, partagés mais interdits, lui donnent des ailes. Et quand Arthur propose de fuir en Amérique, la tentation est grande…

Le vrai point fort de cette saga irlandaise est de mêler la réalité et la fiction. décrit de manière précise l'Irlande du XIXe siècle, mettant en lumière la situation désastreuse des paysans et l'indifférence de la noblesse anglaise, qui cherche plus de solutions pour se débarrasser des cadavres que pour secourir le peuple. Le regard apporté par Keira sur les habitudes de vie des riches propriétaires, mais aussi sur le mode de vie des domestiques ainsi que sur l'univers des plus pauvres offre une lecture aussi intéressante que troublante.

Au récit historique se superpose l'histoire d'un amour impossible qui, bien qu'un peu superficiel, séduira les amateurs du genre. Les personnages de l'Anneau de Claddagh sont profonds et bien construits, en particulier l'héroïne, une jeune fille rêvant d'amour et de liberté, qui incarne la lutte des femmes de cette époque.

Entre Histoire et légendes, romance et liberté, attachement au pays et envie d'exode, Seamróg (trèfle en gaélique) vous plonge dans l'Irlande tourmentée du XIXe siècle.

Après une terrible et ravageuse épidémie de peste animale, les humains se sont vus dans l'obligation de ceinturer la Terre d'un gigantesque mur. Au sud, des terres désolées et des animaux féroces, au nord, les Hommes qui survivent dans des villes surpeuplés où les pauvres vivent dans la fange et les riches en hauteur, dans des quartiers protégés. C'est dans une de ces villes que Ellie, 12 ans a disparu il y a 1 an. Tout le monde la croit morte, seul Mika, son jumeau garde espoir. Quand on lui propose à l'école de participer à un nouveau jeu vidéo et qu'on l'oblige à boire des "boissons vitaminés", le jeune garçon sent que sa quête pour retrouver sa sœur va commencer et que les étranges pouvoirs qu'il semble développer devrait l'y aider. Mais la vérité se trouve de l'autre côté du mur ...

Voilà un excellent roman d'anticipation que nous offre les Editions Pocket jeunesse. Dans la droite lignée des classiques du genre mais avec une modernité étonnante, est une très bonne surprise. Parfaitement ancré dans le réel, ce roman aborde par le biais de la science-fiction des thèmes qui résonneront dans l'esprit des lecteurs tels que la répartition des richesses, la malbouffe, la protection de l'environnement entre autres. Par ailleurs, en positionnant une partie de son récit dans un univers où les loisirs vidéo ludiques ont une importance capitale, sait capter l'air du temps et s'en servir pour enrichir la fiction. Les personnages principaux sont très attachants et c'est un vrai plaisir de les suivre dans ces aventures au suspense savamment élaboré.

Amateurs de science fiction mais aussi profanes du genre, n'hésitez plus et plongez-vous dans ce premier tome captivant et très prometteur pour la suite!

Vous êtes plutôt mercenaire sanguinaire ou souveraine oubliée ? Grâce à la saga du Trône de cristal, plus besoin de se poser la question !

Suivez Keleana dans sa quête de vengeance et d'amour, à travers le royaume d'Adarlan d'où toute forme de magie a été proscrite...

On a longtemps attendu la suite française et elle est enfin là ! Merci à La Martinière Jeunesse pour ces rééditions très réussies ! Rendez-vous le 2 juin prochain pour le tome 6 !

Par Cloé & Daniel de la Librairie Heroes de Saint Etienne