Walt Longmire, le shérif d’Absaroka, en compagnie de son ami indien Henry Standing Bear, la Nation Cheyenne, se retrouve avec la lourde charge d’organiser le mariage de sa fille Cady.
Un vrai casse-tête maintenant que la date est arrêtée et que le lieu, pourtant réservé longtemps à l’avance, s’avère indisponible du fait d’une sur-réservation au sein de la réserve indienne pour un cours de langue Cheyenne en immersion
Difficile de négocier les décisions des autochtones sur leurs territoires. Difficile de déplacer la date si près de l’échéance. Difficile de trouver un autre lieu adéquat pour recevoir tous les invités.
Cherchant, en désespoir de cause, une alternative acceptable, Longmire et l’Ours suivent les conseils du chef Cheyenne auprès duquel ils étaient venus quêter un appui et finissent par arriver sur un espace sauvage, largement ouvert au milieu de pins séculaires, au pied des falaises de Painted Warrior.
Décidé finalement à tenter de convaincre sa fille de la beauté des lieux et de son adéquation pour la cérémonie, Longmire entreprend de faire quelques photos destinées à Cady.
Et c’est alors qu’il cadre le visage de l’Ours qu’il aperçoit, dans le viseur, un objet en train de tomber dans un grand cri du haut de la falaise au pied de laquelle ils découvrent, quelques instants d’une course effrénée plus tard, le corps inanimé d’une jeune femme et, un peu plus loin, enveloppé des couvertures qui, avec le corps de sa mère, lui ont servi de protection, un enfant miraculeusement indemne.
Accident ? Suicide ? Meurtre ?
Le shérif est rapidement au cœur de l’enquête.
Je ne suis plus du tout objectif pour recommander ces romans de : depuis le premier que j’ai découvert il y a des lustres, je suis tombé littéralement en amour de ces ambiances et de ces textes qui m’enchantent toujours autant à chaque fois.
Toujours ce voyage à la frontière de deux cultures, autochtone et blanche, qui se côtoient magnifiquement entre ces deux vieux amis inséparables que sont le shérif et l’immense indien lequel s’avère être le sésame pour comprendre ce peuple “rouges” qui conserve encore une telle part d’authenticité.
Il m’apparaît toujours tellement extraordinaire qu’un “blanc” puisse si bien écrire et faire parler des “rouges” dans toute la puissance de leur culture ancestrale, dans cette communion toujours renouvelée avec la nature, dans ce monde chamanique où le sacré et le réel se mélangent de manière si naturelle.
Tout cela sans rien abandonner de la qualité du récit, de l’enquête, du mystère, de la psychologie et du comportement humain, humaniste parfois, des personnages tant principaux que périphériques.
Tout cela sans manquer un instant l’occasion d’un propos politiquement incorrect sur tous les sujets possibles.
Tout cela sans laisser passer l’occasion d’un regard humoristique ou ironique sur les situations les plus invraisemblables.
Tous les personnages ont leur part d’ombre et de lumière, de joies et de meurtrissures anciennes ou récentes : tous sont rattachés, à un moment ou à un autre, à leurs origines culturelles et c’est un petit bonheur de voir comment le shérif, avec son gros calibre à la hanche, reste capable de faire une synthèse au milieu de toutes ces sensibilités différentes. Une synthèse mesurée, parfois un peu “borderline” du strict point de vue légal, mais raisonnable, sensée, juste, équitable, humaine, clairvoyante.
Loin du cliché des cow-boys et des indiens, Craig JOHNSON a su trouver le ton juste pour parler de ce peuples que la ruée vers l’Ouest a failli exterminer, leur donnant l’occasion de parler, du fond de cette sorte d’abandon, d’isolement, de mise à l’écart, de cet ostracisme qu’ils subissent, de l’ancienneté de leur culture et de leur civilisation. Même si celle-ci est aujourd’hui largement martyrisée. Même si, comme tous les peuples conquis, colonisés, asservis, ils peinent à trouver leur voie (voix ?) dans une Amérique actuelle qui ne leur laisse que peu de place.