(Dupuis) est un livre émouvant et saturé de chaleur humaine : on est entre potes, on se chambre et on s'amuse énormément ! Ce pourrait être un exercice de copinage narcissique, où deux auteurs BD de la jeune génération livrent un témoignage admiratif sur un de leurs aînés, lui-même confit en dévotion pour les géants de l'âge d'or de la bande dessinée franco-belge.
chronique BD avec BDfugue
C'est au contraire un chant d'amour au Neuvième Art et aux nobles artisans qui le servent, avec la pointe d'ironie qui empêche de se prendre trop au sérieux. À l'origine de ce projet, il y a le directeur de collection José-Louis Bocquet, créateur à l'âge de treize ans d'un fanzine titré Bizu : le personnage emblématique de Fournier !!!
Et un travail similaire de Joub et Nicoby, un livre épatant : Hara-Kiri, mes années bêtes et méchantes (Drugstore). Donc, Nicoby et Joub sont dans un bateau... Pardon, une voiture ! Direction, la Bretagne (où il y a plein de bateaux) pour visiter l'atelier de Jean-Claude Fournier. Ce n'est pas leur première rencontre avec ledit Fournier : pour l'un, c'est lors d'un festival de Saint-Brieuc où gamin admiratif, il se fait dédicacer le maximum d'albums. Pour l'autre, à l'occasion d'un concours où lui et Jean-Claude se côtoient dans des circonstances... hum... triviales.
À leur arrivée, ledit Jean-Claude est en train de jouer du biniou, façon de se désintoxiquer de la musique tibétaine, écoutée à (trop) haute dose pendant la réalisation des Chevaux du vent (Dupuis)… Le but de l'entretien ? À l'occasion des soixante-quinze ans de Spirou, interroger celui qui reprend le personnage des mains de Franquin pour l'animer pendant neuf albums, et qui est ainsi le témoin privilégié d'une époque mythique. En 1965, Fournier rêve de travailler dans le même journal qu'André Franquin.
Les chevaux du vent Tome 2 de Jean-Claude Fournier, Lax
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La première rencontre avec ce géant de la bande dessinée est plus qu'encourageante, il se montre chaleureux, simple et disponible : « Si vous venez un jour à la rédaction de Spirou, passez-moi un coup de fil, on se rencontrera avant. » Tout ému, Fournier oublie de lui demander son numéro de téléphone !!! Il doit l'acheter (oui, l'acheter !) à un étudiant des Beaux-arts qui lui vend par la même occasion l'adresse du maître, ultra-secrète.
Bossant comme un fou, Fournier propose régulièrement ses planches aux responsables du journal, qui finissent par le publier. Il crée le petit Bizu et son univers si attachant. Vient la proposition folle, inespérée et quelque peu terrifiante de reprendre le personnage de Spirou !!! "Refusez, Fournier !" N'écoutant pas ce conseil de Franquin, qui adore Bizu, il devient responsable des aventures du groom pendant dix années.
Dans L'atelier De Fournier tome 1 par Nicoby, Joub
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Jalousé, accusé de politiser la série (pensez à L'Ankou !) il jette l'éponge et galère. Il s'implique énormément dans l'organisation du festival "Quai des bulles" à Saint-Malo, mais peine à retrouver l'inspiration créatrice. C'est la série des Crannibales" sur des textes de Zidrou qui lui permet de revenir dans le journal de Spirou et de renouer avec le succès.
À soixante ans, il change de technique pour dessiner les Chevaux du vent, sur un scénario de Christian Lax.Publié dans la prestigieuse collection "Aire Libre", Fournier est aujourd'hui un homme heureux et apaisé... Il est rare qu'un livre d'entretiens procure un tel bonheur, mais il faut dire que le point de vue adopté est idéal, respectueux, mais point trop déférent.
Bizu Tome 1 : L'intégrale par Fournier
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Complice, surtout : on passe une journée mémorable avec tous ces joyeux drilles plongés dans des archives fascinantes, impeccablement reproduites. Le dessin est expressif et les couleurs très belles. Que dire de plus ?