La réforme prévue par Xavier Darcos fait parler d'elle. Et depuis sa présentation hier, il semble qu'il fasse toujours peu bon d'être ministre de l'Éducation nationale.
En passant de 26 à 24, par la suppression du cours du samedi, les élèves du primaire voient leur emploi du temps raboté.
Ouverture vers le monde : cinq centres d'intérêt se dégagent (le langage, vivre ensemble, agir et s'exprimer avec son corps, découvrir le monde, la sensibilité, l'imagination et la création). Pour la 3e année de maternelle, l'écriture et la lecture sont abordées.
CP et CE1, la cour des débutants : lecture et calcul seront répartis en deux fois 5 heures par matière, français et mathématiques. Neuf heures sont allouées à l'éducation physique, la langue vivante, les pratiques artistiques et la «
découverte du monde ». Pour le CP en particulier, lecture et multiplication par 2. Quant à la division, on l'effleurera.
CE2, CM1, CM2, vers l'autonomie du collège : la répartition change. 8 heures de français, 5 heures de mathématiques, puis 11 heures allouées à l'éducation physique, de langue vivante, de sciences expérimentales — approchée — et de « culture humaniste » (arts — qui comprendra le cinéma —, histoire-géographie, instruction civique). Multiplications par 3, 4 et 5 pour le CE2, maîtrise de la division en fin de CM2.
Voir le site du ministère (PDF) pour le texte intégral.
Des retombées quasi radioactives
Sauf que l'intention du ministre de « diviser par trois, en cinq ans, le nombre d'élèves qui sortent de l'école primaire avec de graves difficultés, et par deux le nombre d'élèves ayant pris une année de retard dans leur scolarité », quoique noble, ne fait pas l'unanimité.
Si dans l'ensemble, constate un réel retour aux fondamentaux, qui mettent en avant les deux orientations de langue et de maths, l'introduction de domaines plus culturels (comme l'histoire de l'art, amorcé depuis un bail)se fera tout de même dans un cadre horaire plus resserré. « Donc plus rapidement expédié, nous explique Marie, une jeune professeure des écoles. C'est Enseigner en moins de temps pour en faire rentrer plus, ça. » Et avec quelques innovations. C'est également ce que remarque le SNUIpp, syndicat majoritaire. Pour Gilles Moindrot, secrétaire général : « On a paradoxalement des programmes qui sont plus lourds alors qu'on va avoir à la rentrée moins d'heures par semaine. »
Confiance, sérénnité et calme
Mais en dépit des critiques, le ministre ne se démonte pas, voyant là «une nouvelle école qui se dessine, une école qui a la même ambition pour tous ses élèves, mais respecte leur rythme d'apprentissage, sait reconnaître leurs difficultés et trouve le temps de les résoudre ». De fait, les programmes sont, selon lui « plus courts, plus lisibles, refusant l'idéologie, l'emphase et l'abstraction ». Mm. Lang et Ferry n'avaient pourtant pas caché leur hostilité à ce tissu d'incohérences, voire de passéisme.
Ces nouveaux programmes remaniés depuis les avertissements syndicaux tiendraient compte de la volonté des parents, qui pour 81 % s'estiment favorables à un retour aux fondamentaux, justement. « De la démagogie, poursuit Marie. On emploie les mots d'un sondage pour montrer qu'on est à l'écoute des parents, mais enfin, si les parents faisaient cours, ils se rendraient compte de l'aberration. » Car sur la globalité, on n'y voit qu'un remaniement cosmétique, qui a déçu les syndicats.