Le procès avait été renvoyé en juin, mais Maria Kodama, la veuve de Jorge Luis Borgès attendait que justice soit faite, et que la diffamation soit reconnue pour les propos tenus par Pierre Assouline dans les colonnes du Nouvel Obs. Ce dernier contestait le fait que la veuve en qualité de légataire universelle de son oeuvre cherche à s'opposer à la réédition des oeuvres intégrales de son mari, dans la collection La Pléïade.
Eh bien le romancier et journaliste a finalement été condamné, un peu contre toute attente, et il a été reconnu par le tribunal correctionnel de Paris, que Maria n'est pas la « veuve abusive » qu'il décrivait. Une amende de 1000 € devra être versée par Jean Perdiel, directeur de la publication, mais également par M. Assouline. Ils sont également redevables d'un euro de dommages et intérêts et 5000 € de frais de justice.
La 17e Chambre a donc refusé « le bénéfice de la bonne foi » lorsque le journaliste parlait de « manipulations testamentaires » opérées par la veuve, considérant cette imputation comme diffamatoire, puisqu'elle décrit la veuve « comme manipulatrice et cupide ».
Selon les magistrats, cette expression « jette un éclairage particulier sur l'ensemble de l'article, comme s'il ne s'agissait plus alors d'aborder une querelle de nature littéraire [...] sujet d'intérêt légitime, mais d'alimenter une thèse visant à jeter le discrédit sur la personne de sa veuve ». Ce passage restera donc le seul retenu sur les quatre incriminés de l'article. Le 12 juin dernier, date du renvoi, Anne de Fontette, procureure, décrivait pourtant le texte d'Assouline comme un « portrait assurément critique, écrit avec une plume vive » où cependant elle « cherchait encore les imputations diffamatoires ».
Faire appel ou ne pas faire appel telle reste la question que Pierre devra trancher. Précisons par ailleurs que Maria prépare sa propre version des oeuvres complètes de son mari, ce qui pouvait nuire à la Pleïade, et derrière elle, Gallimard.