En France, près de la moitié de la population dit craindre de devenir pauvre un jour…
Denis Clerc, spécialiste de l’analyse des politiques sociales et fondateur de la revue Alternatives économiques, nous explique d’une part les causes d’une paupérisation d’une partie de la population française, et d’autre part les raisons d’un profond malentendu entre les chiffres officiels et la réalité vécue par les familles françaises.
En fait, il ne suffit plus aujourd’hui d’avoir un travail pour ne pas être sous le seuil de pauvreté (880 euros par mois pour une personne seule aujourd’hui). Cependant, ce n’est généralement pas le temps de travail qui n’est pas suffisamment payé, mais le nombre d’heures effectuées qui est insuffisant.
Denis Clerc montre comment et pourquoi le principal facteur de pauvreté est aujourd’hui l’emploi, alors qu’en 1970 c’était l’âge. Dès lors, une réduction du chômage, aussi nécessaire soit-elle, ne suffira pas à réduire l’exclusion sociale et la pauvreté.
Quel rôle peut donc avoir l’État dans l’économie en général et dans la réduction des inégalités et donc de la pauvreté en particulier ?
Quantité contre qualité de l'embauche
Si d’après Mitterrand, « contre le chômage on a tout essayé », il s’avère que durant la période qui a suivi son septennat, près de trois millions d’emplois ont été créés. Denis Clerc revient donc sur l’ensemble des politiques menées (emplois aidés, allègement des cotisations sociales, les 35 heures…) et sur leur efficacité avec des précisions chiffrées et argumentées.
A juste titre, l’auteur montre que l’État a sacrifié la qualité de l’emploi à la quantité, ce qui a aggravé le problème au lieu de le réduire.
L’auteur évoque également des pistes nouvelles et les éventuels résultats qu’elles pourraient avoir : fin des 35 heures, TVA sociale, ainsi que le RSA. Denis Clerc approuve le Revenu de Solidarité Active tout en le trouvant insuffisant.
Quelles alternatives ?
Cependant, Denis Clerc, tout en invitant le lecteur à réfléchir également aux solutions envisageables, en propose quelques-unes qui, pour certaines, vont en contradiction avec les politiques jusqu’à présent menées.
Ainsi, et en premier lieu, il convient de mettre en place des actions soutenues en matière de formation et de lutte contre l’échec scolaire. En France, près de 17 % des jeunes quittent le système scolaire en situation d’échec, contre 3 % au Danemark… En second lieu, le système de protection sociale se doit d’être revu.
Seul le fait d’agir sur ces deux leviers pourra permettre à la France d’améliorer tant la quantité des emplois que leur qualité.
Dans ce livre, Denis Clerc explique de manière simple, mais non simpliste les causes de la situation en France actuellement, mais aussi et surtout les causes du ressenti de la population. L’auteur ne laisse pas la place à un certain nombre d’idées reçues et erronées sur des thèmes aussi brulants que le chômage, le temps de travail, la pauvreté, le coût de la vie.