Le nom d'Alison Uttley n'est pas spécialement familier des lecteurs français, et pourtant, cette brave dame a largement oeuvré pour la littérature jeunesse, en créant un personnage attachant, le lapin gris et un hérisson questionneur.
Mais son journal personnel reflète une image bien plus dure que la légende, autant que ses opinions sur Enid Blyton, par exemple, qu'elle considérait comme une femme vulgaire.
De fait, Alison détestait cordialement un bon paquet de personnes, comme Beatrix Potter, ou encore Margaret Tempest, la qualifiant « d'absolument horrible ».
C'est au professeur Denis Judd qu'est revenu le plaisir de participer à la publication de ces mémoires qui vont de 1932 à 1971. « C'est un paradoxe étonnant. Elle croyait aux fées, aux voyages dans le temps, que les gens puissent se déplacer dans des mondes différents. » Et pourtant, Alison avait un esprit analytique clair, mathématique et une pensée très scientifique.
Après le suicide de son mari en 1930, on ressent même une certaine aigreur s'instaurer. « Je trouve la vie difficile à certains moments... et je me comporte trop comme une enfant, faisant des choses insensées, indignes... Je ne pense pas qu'on puisse avoir une grande imagination et une grande sagesse », écrit-elle.
Selon Denis, Alison était une personne très manipulatrice et aimant contrôler les personnes de son entourage. Ce qui la rendait particulièrement difficile à vivre. En outre, sa nature compétitive aura souvent obscurci son jugement, admet-il « et considérablement affecté sa vie privée et professionnelle ».