On attendait réellement la réaction des deux intéressés pour en parler.
Il y a quelques mois, un peu plus tard que le 50e anniversaire de l', différents bruits de couloirs venaient éborgner un peu la grande maison.
Geneviève Brisac, éditrice depuis 27 ans de l'EdL se faisait remettre en place par la direction sous prétexte de se « tourner vers l'avenir » en lui refusant la publication de certains des manuscrits de ses auteurs, les jugeant parfois « trop sombre ».
Plusieurs écrivains se sont émus de la situation, tant Geneviève Brisac est un monument dans le métier. Qualifiée de « perle rare » par eux, les auteurs se retrouvaient bien en peine pour comprendre la situation que vivait l'éditrice d'autant que la maison n'avait pas communiqué officiellement, sur la sitation.
Fin 2015, Actualitté avait contacté l'École : « Nous souhaitons poursuivre un dialogue avec Geneviève, mais l'échange est actuellement compliqué. Préparer l'avenir de la maison, sans discussion, ce n'est pas possible. Il n'y a pas une volonté de changement unilatérale de L'École : nous réclamons un esprit de collaboration, mais notre proposition semble ne pas être entendue. »
Genevièvre Brisac l'expliquait également difficilement : « L'École des loisirs représente trente années d'investissement pour moi. Trente ans de ma vie. J'ai été appelée pour développer le secteur de la fiction, et travailler avec les écrivains. J'ai toujours tenté de susciter la créativité, encouragé chacun, chacune, donné confiance. Des auteurs comme Chris Donner ou Agnès Desarthe m'ont suivie parce que mon travail de directrice littéraire leur garantissait toute liberté. C'est ce que les auteurs sont toujours venus chercher. Cela et une forme d'esprit enfantin, aussi fait d'insolence ».
En créant le blog La ficelle, plusieurs auteurs ont même manifesté leur désaccord avec la situation : « Une grande maison d'édition jeunesse, L'École des loisirs, change de cap sans prévenir. Des auteurs de romans restent à quai, d'autres sont tombés à l'eau. »
Aujourd'hui, l'École des Loisirs devant le nombre de médias qui s'est intéressée à l'affaire a tenu à envoyer un communiqué plus officiel :
L'École des loisirs publie des romans pour la jeunesse depuis plus de quarante ans.
Voici qu'aujourd'hui certaines interventions médiatiques posent la question de leur avenir dans notre maison et soulèvent des interrogations sur une hypothétique réorientation de nos choix éditoriaux.
Nous passerions, prétend-on, de la littérature authentique au produit, de l'écrivain libre au rédacteur sans âme, de l'édition artisanale, respectueuse de la personnalité et du style des créateurs, à la fabrication d'objets façonnés pour une meilleure diffusion commerciale…
Il est temps de rétablir quelques vérités.
Geneviève Brisac est responsable, depuis 1989, au sein des équipes de l'École des loisirs, des collections « Mouche », « Neuf » et « Médium ». Nous tenons à saluer le remarquable travail accompli ainsi que la découverte d'auteurs majeurs dont s'honore notre catalogue romans.
Celui-ci compte aujourd'hui près de 2000 titres sous la plume de quelque 400 auteurs.
L'édition est un travail collectif. C'est dans cet esprit que travaillent toutes les équipes de la maison. Parce qu'elles aiment cette littérature, parce qu'elles souhaitent la faire connaître au plus grand nombre, elles sont blessées par des allégations qui voudraient faire croire le contraire. Ainsi, en l'absence de Geneviève Brisac, en arrêt maladie depuis plusieurs mois, les équipes éditoriales assurent la continuité de la programmation et préparent les publications de la rentrée et du printemps prochain, qui viendront confirmer le choix d'une littérature diversifiée, exigeante, non formatée.
Les lecteurs retrouveront donc, dès cet automne, les nouveautés d'auteurs connus ou moins connus : Delphine Bournay, Fanny Chartres, Sophie Chérer, Marie Desplechin, Colas Gutman, Claire Lebourg, Susie Morgenstern, Marie-Aude Murail, Christian Oster, Éric Pessan, Xavier-Laurent Petit, Dominique Souton, Hervé Walbecq, et bien d'autres, ainsi que les rééditions en « poche » de titres de Christian Lehmann, Moka et Nastasia Rugani. Ces noms disent assez que la place des romans restera essentielle à l'École des loisirs. Éditeur indépendant, nous proposerons toujours aux enfants et aux adolescents des textes audacieux et originaux.
Depuis 50 ans, c'est avec les bibliothécaires, les documentalistes, les enseignants et les libraires, ceux que l'on appelle les « médiateurs du livre », ces passeurs de culture qui sont des femmes et des hommes de coeur et de terrain, que nous partageons cette exigence d'authenticité, et nous continuerons.
Nous le réaffirmons clairement ici, et les parutions des prochains mois en témoigneront : à l'École des loisirs, les enfants et les adolescents sont chez eux, les auteurs aussi.
La direction et les équipes de l'École des loisirs