Il ne faut pas en vouloir aux auteurs qui vendent. Surtout pas à ceux qui vendent beaucoup. Du tout. Selon le sociologue Olivier Donnat, interrogé par l'AFP, populaire n'a rien de péjoratif, au contraire. En fait, il faut ramener cela à un comportement très simple. Limite grégaire : « Les Français n'achètent en moyenne que cinq livres par an et leurs choix se portent en priorité sur les écrivains à succès. »
En parallèle, il note que les lecteurs qui ne consomment qu'un à quatre livres par an se généralisent. Alors s'ils lisent du Musso, Levy, Pancol ou Gavalda, inutile de leur jeter la pierre. Ce n'est pas leur faute. D'ailleurs, si ces auteurs font l'unanimité, ce n'est pas pour rien, ajoute Pierre Nora, historien. « Quand on analyse les best-sellers au cas pas cas, on réalise qu'ils ont tous su révéler au bon moment les sensibilités latentes d'une société. »
En somme, ces écrivains se baladent comme Stendhal, avec un miroir à la main, le long du chemin qu'est notre société. Et puisqu'ils en reflètent les tendances, ils parlent au plus grand nombre.
Forcément de quoi émoustiller l'éditeur dudit Levy, Robert Laffont. Son poulain représente 10 millions de ventes en 10 ans, et le plus traduit des Français du moment, en 41 langues. Les voleurs d'ombres, pour exemple, n'est pas un roman de gare que l'intelligentsia parisienne ne comprendra pas, mais un futur succès, déjà tiré à 450.000 ex, précise-t-il.
Et avec ce sens de la formule qui émeut les foules ovines et emballent les coeurs bovins, Marc Levy de conclure : « Pour moi, l'amour compte plus que le Goncourt. » Évidemment, ça fait plus vendre ! Rappelons que pour le Goncout, le lauréat reçoit un chèque de 10 €...
Musso, le page-turner (ou lecteur ebook...)
Et quid de Musso alors ? L'éditeur XO ne se plaint pas. En fait, il aurait même fait mieux que Levy, comparativement, puisqu'il représente 7 millions d'exemplaires vendus en 6 ans. Bon, traduit en 35 langues, d'accord, mais tout de même. « C'est un page turner dont les intrigues tiennent le lecteur en haleine », note XO. Et le tout sans recette. Juste avec quelques grosses cordes à noeuds, le tout réutilisé chaque fois, chaque fois différemment.
« C'est un honneur pour moi de vendre des livres », précise le bonhomme, qui déplore la critique évoquant une mécanique bien huilée dans ses ouvrages.
La semaine passée, c'est de toute manière Anna Gavalda qui restait dans les meilleures ventes selon Edistat, avec la version J'ai Lu de La Consolante. Marc Levy est 7e avec Le Premier jour en Pocket, et Katherine Pancol en 9e position pour Les écureuils de central park sont tristes le lundi.
Musso n'est pas si loin, en 16e position, avec son Que serais-je sans toi? chez Pocket.