New York Times a mené sa petite enquête sur la prolifération de revues scientifiques bidon, rendue possible par les nouveaux moyens de technologie et quelques personnes peu scrupuleuses. Le phénomène est assez important pour commencer à agacer sinon inquiéter les universitaires.
Sandip Bhattacharya,CC BY 2.0
C'est l'une des dérives possibles avec internet. N'importe quoi peut publier n'importe quoi. Qu'un quidam publie sa fan fiction sur un site d'auto-édition, cela ne porte pas à conséquence, mais c'est une tout autre affaire quand des gens incompétents se mettent à publier dans des journaux soi-disant scientifiques. Le risque premier est celui de créer la confusion entre ces publications douteuses et les vraies revues de références.
Plusieurs chercheurs et universitaires américains s'inquiètent de la prolifération de ces journaux scientifiques en ligne qui acceptent de publier n'importe quoi, à condition d'y mettre le prix. En plus, ces sites essaient de ressembler aux sites sérieux, de quoi induire les néophytes en erreur. Steven Goodman, professeur de médecine à la prestigieuse université de Stanford a dit à juste titre : « La plupart des gens ne connaissent pas bien l'univers de ces revues ».
Autre problème posé par ces pratiques la possibilité pour des universitaires de se constituer un CV avec une liste de publications abondante, mais pauvre en qualité. Ce qui signifie que les universités doivent se montrer de plus en plus attentives vis-à-vis de ce genre d'informations. Certains entendent bien mettre en place une liste noire des publications bidon.
Jeffrey Beall, de l'université du Colorade à Denver, a constitué sa propre liste. Et il a trouvé un nom pour ces revues : « Des revues prédatrices en open-access ». Il estime le nombre de revues prédatrices à hauteur de 4,000 aujourd'hui, ce qui donne un bon aperçu de toute l'étendue du problème. « C'est de l'argent facile », explique-t-il.
Mais dans quelle mesure se comportent-elles en prédateur ? C'est très simple. Elles envoient un courriel proposant à un universitaire de publier leurs articles. Une fois l'article publié, elles font parvenir une facture salée. C'est ce qui est arrivé à un certain Paulino Martinez au Mexique. Deux articles publiés contre la jolie somme de 2,900 dollars. Heureusement pour lui, il n'a pas eu à payer en fin de compte.
Enfin, l'arnaque va jusqu'à organiser des colloques où les intervenants doivent payer. Le procédé est le même que pour les articles. Un courrier propose de faire une intervention, en mentant sur l'événement (on trouve des copier-coller de noms de scientifiques prestigieux qui en fait n'ont aucun lien avec la conférence).
Bref, ces journaux et autres organisateurs de colloques bidon suivent le procédé du spam. Il vaut mieux donc garder un oeil ouvert et ne pas tomber dans le panneau.