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Jean-Jacques Kupiec

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Philosophie des sciences de la

L'origine des individus

Les enjeux de la biologie ne concernent pas seulement le vivant en tant que tel. Par ce qu'elles nous disent de notre identité et de notre place dans le monde, les théories biologiques influencent les sciences humaines. Au XXe siècle, elles ont servi de caution à des idéologies comme le darwinisme social et l'eugénisme. La polémique sur le déterminisme génétique pendant la campagne présidentielle de 2007 et celle qui a suivi sur les tests ADN témoignent qu'elles interviennent toujours dans le débat politique. Habituellement, la critique du déterminisme génétique se fait au nom de principes éthiques. Dans L'Origine des individus, Jean-Jacques Kupiec se place d'un point de vue différent, celui de la recherche biologique. Il démontre que le déterminisme génétique ne doit pas être rejeté uniquement parce qu'il est moralement injuste, mais parce qu'il est faux scientifiquement. Il est en contradiction avec les données acquises par la biologie moléculaire. L'analyse montre également que les théories holistes et les théories de l'auto-organisation ne sont pas des alternatives valables. Pour résoudre la contradiction du déterminisme génétique, la biologie doit dépasser les schémas de pensée dans lesquels elle est enfermée depuis l'Antiquité. L'ontogenèse et la phylogenèse sont deux aspects inséparables d'une même réalité ne constituant qu'un seul processus d'hétéro-organisation. Au cours de cette ontophylogenèse, les êtres vivants individuels et les espèces se forment de manière identique. L'environnement n'est pas seulement ce qui est extérieur à l'organisme, il se prolonge dans son milieu intérieur, où agit la sélection naturelle. L'ontophylogenèse détruit la conception d'un individu qui n'existerait que par sa détermination interne et lui substitue celle d'un individu existant par la relation à ce qui lui est extérieur. L'Autre est présent dans les fondements biologiques de notre identité.

09/2008

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Philosophie des sciences de la

Et si le vivant était anarchique ?

Une révolution est nécessaire dans les sciences du vivant. La génétique - fondamentalement déterministe - ne tient pas la route face à la somme des données expérimentales démontrant que le hasard est omniprésent dans le vivant, y compris dans le fonctionnement des "gènes". La génétique, que ce soit dans sa version forte (un gène détermine un caractère d'un être vivant) ou dans sa version adoucie appelée "épigénétique" (le déterminisme du gène est tempéré par d'autres facteurs, dont l'environnement), est ainsi ébranlée dans son fondement : le désordre règne là où était censé régner un programme. Mais plutôt qu'abandonner cette théorie erronée, les biologistes pratiquent un double discours qui consiste à osciller en permanence entre les deux versions de la génétique (forte et adoucie), ce qui a pour effet de la transformer en une idéologie infaillible. Pour sortir de cette impasse, il est temps d'accepter la part anarchique du vivant, c'est-à-dire la variation aléatoire qui en est la propriété première, et d'en tirer les conséquences. Il n'existe aucun ordre biologique intrinsèque qui déterminerait la vie. Les êtres vivants ne sont pas des sociétés centralisées de cellules obéissant aux ordres du génome ou de l'environnement, mais des communautés de cellules anarchistes, libres et actrices de leur destin, grâce au hasard qu'elles utilisent à leur profit. Ni gène, ni environnement, une nouvelle voie s'ouvre ici à la recherche biologique.

10/2019