Folie est le bon mot.
C'est celui qui ne peut que venir à l'esprit à l'issue de la lecture de cet opuscule à recommander à tout un chacun.
Car après avoir découvert la féminité du mot (je pense que je ne suis pas le seul qui se serait fait piéger dans une dictée !..), c'est à un tour de force de folie que nous convie
Loin des anagrammes de potaches (police à picole…), c'est à un exercice de haute volée que le lecteur est invité.
Imaginez ! Autour d'une litanie de titres honorifiques de Jean Sébastien Bach de 170 lettres !!!…, voilà qu'apparaît une nouvelles phrase qui éclaire la vie et l'œuvre du compositeur dans toute la puissance de son art musical ! Délirant !
Imaginez ! Abasourdi par la performance de réellement construire une égalité algébrique (« cent un moins soixante plus quinze = cinquante et un plus onze moins six ») basée sur les lettres, je me suis amusé à l'exprimer en chiffres ! Et devinez ce qu'il advint : les chiffres aussi correspondent à l'exception de deux « 0 ». Mais « 0 », ce n'est rien, n'est ce pas ?
Ce qui ajoute à l'exceptionnelle dextérité de ce mélangeur de lettres, c'est la complicité fabuleuse qui s'est créée avec Sylvain TESSON. Ce dernier compose, pour certains de ces véritables exploits, une phrase, un texte qui éclaire le chemin qui va du point de départ et nous conduit au point d'arrivée d'une manière tout à fait exquise mais diabolique.
De la « disparition des abeilles » à « des lois d'inséparabilité », de « la calotte polaire » à « l'Acropole était là » ou encore des « farines animales » à un « arsenal si infâme », une dimension autre est donnée à l'exercice, certes phénoménal mais qui serait resté inachevé sans cette touche de poésie, de colère, de malice jubilatoire ou de profonde érudition.
Complétez le tableau de quelques illustrations de Donatien MARY dont certaines sont tout particulièrement réussies et vous avez entre les mains un opuscule apte à ébahir les plus blasés.
Mon regret sera de ne pas l'avoir découvert avant les fêtes : je l'aurais conseillé comme cadeau à tous ceux que le consumérisme agace un peu et qui, loin des phénomènes de mode, ne sont pas contre l'idée de redonner au Père Noël une mission un peu culturelle…
Rien n'est perdu : il doit bien vous rester une fête ou un anniversaire à souhaiter. C'est l'occasion à ne pas manquer. Y compris à titre exclusivement égoïste : pour soi !