Oh My God ! L.H.S.F a rencontré, à l'occasion de la venue de la Grande-Bretagne au salon du livre jeunesse de Montreuil, , l'auteur de . Alors qu'il est en pleine écriture du troisième tome, la France va devoir attendre jusqu'en Mars 2008 avant de découvrir la suite des aventures de George et de la Fulgurance Edie dans , toujours aux Editions Hachette Jeunesse.
Les Histoires Sans Fin : Bonjour, Charlie ! Dans Londres, où j'imagine que vous habitez, est-ce que vous regardez les statues différemment maintenant ?
Charlie Fletcher : Quand j'avais 6 ans, j'ai vu la statue de l'Artilleur et j'ai commencé à rêver en me demandant ce qui se passerait si cette statue rentrait dans notre monde, dans notre réalité… Ce n'est pas une nouveauté pour moi de voir les statues d'une façon un peu étrange…
Les Histoires Sans Fin : Même si vous avez beaucoup écrit dans votre carrière de scénariste, Stoneheart est votre premier roman. C'est une histoire que vous aviez en tête depuis longtemps ?
Charlie Fletcher : Comme je le disais, j'ai commencé depuis longtemps à rêver d'un Londres dans lequel les statues bougeraient. Le point de départ de cette histoire est quand je suis revenu de Californie où j'ai habité pendant 10 ans avec mes enfants. Pour eux, Los Angeles n'était pas un endroit rempli de mystère. Pour un enfant qui habite à Londres ou à Paris, la Californie c'est une chose étrange et merveilleuse, pour eux, rien de tout ça ! Ils étaient habitués. Quand nous avons emménagé à Londres, j'ai vu leurs réactions en voyant cette étrange ville dans laquelle il y a des maisons, des bâtiments qui sont là pour certains depuis 1 000 ans. Ils se sont retrouvés sur un bus anglais, et j'ai vu leurs yeux écarquillés, grands comme ça, devant ces anciens bâtiments, les statues, les gargouilles… pour eux, Londres et devenu plus Disneyland que Disneyland…
Les Histoires Sans Fin : Comment part-on de l'idée : « Et si les gargouilles étaient les forces du mal et les statues celles du bien ? »
Charlie Fletcher : Je viens d'une famille d'artistes et je crois que quand on crée, en littérature, en peinture, en sculpture, on met dans son œuvre un peu de soi, quelque chose qui vient du cœur… Les statues n'ont pas d'âme, comme vous ou moi, mais elles ont, en quelque sorte, l'âme que le sculpteur y a mis en les créant. Si par exemple, c'est une sculpture de Winston Churchill, ce n'est pas le vrai Winston Churchill, c'est ce que l'artiste sait de lui. Les gargouilles, elles, n'ont pas cette âme, elles ont une sorte de vide à la place. Les gens qui les ont faites ont eu l'intention de faire quelque chose d'effrayant, et c'est pour ça qu'elles se conduisent de cette manière.
Les Histoires Sans Fin : En mars 2008, en France, va paraître le tome 2 Iron Hand. Vous saviez déjà quand vous avez commencé que ça allait être une trilogie ? Ce n'était pas un peu risqué pour un premier roman ?
Charlie Fletcher : C'était peut-être un peu risqué, mais quand j'ai eu l'idée d'un monde où les statues pouvaient bouger, je voulais aussi parler de sujets comme l'amitié entres les enfants, la paternité, l'honneur, le courage. Pour moi ce sont de grandes choses ! C'est à cause de ça que j'ai décidé d'écrire une trilogie. Je voulais faire un livre pour mes enfants, pas pour un studio, pas pour Hollywood, c'était très important pour moi que ces livres s'adressent à eux…
Les Histoires Sans Fin : C'était un peu pour leur inculquer des valeurs ?
Charlie Fletcher : Je voulais faire des livres avec des choses importantes à mes yeux et que mes enfants comprennent un peu qui je suis. S'ils voient des films auxquels j'ai participé, ils vont voir de bonnes histoires, des films bien faits, mais ce n'est pas réellement moi. Là, j'ai voulu créer une bonne histoire mais avec, en plus, des idées et des valeurs qui me tiennent à cœur.
Les Histoires Sans Fin : J'ai parcouru un peu sur Internet des forums de lecteurs, et au milieu des fans déjà inconditionnels, il y a des critiques qui vous reprochent une trop grande linéarité dans le récit, certaines actions un peu trop attendues… Vous en pensez quoi ?
Charlie Fletcher : Ha, oui ! C'est pas très bon pour moi ça (rires). Non, en fait il faut vraiment lire le deuxième, ils vont avoir des surprises. La forme du premier roman, c'était une chasse, une poursuite… Deux enfants qui se retrouvent dans une ville qui se rapproche de la réalité, une ville connue qui devient inconnue. Voilà, c'était les bases. Il faut aussi avoir à l'esprit que c'est le premier acte. Je crois que pour commencer il faut être simple.
Dans le deuxième livre, ce n'est pas l'histoire de deux enfants dans une poursuite, il y a quatre lignes, quatre destins qui se recoupent. C'est un peu comme une toile d'araignée.
Mais je crois que les critiques sont plus intéressantes que les éloges, on apprend toujours plus des gens qui font des critiques.
Je pense, d'après ce que m'ont dit certains qui l'ont lu, que Iron Hand est meilleur que Stoneheart. J'essaye de faire encore mieux avec le troisième, un peu comme un bouquet final. J'ai toujours connu la fin de la trilogie, la scène de la bataille finale avec les personnages qui y seront présents.
Les Histoires Sans Fin : Pour ceux qui ne râlent pas et qui ne trouvent pas de défauts, mais vraiment juste pour eux, pouvez-vous nous dire ce qu'il va se passer dans Iron Hand ?
Charlie Fletcher : Dans Iron Hand, quatre histoires parallèles se recoupent. À la fin de Stoneheart, George et Edie doivent partir sauver l'Artilleur. Ils devraient rester ensemble, mais ils ne vont pas le faire, ils vont se séparer et c'est ainsi que démarre Iron Hand. Il y a donc les quatre histoires, celle de George, celle de Edie, celle de l'Artilleur et celle du Marcheur qui s'entremêlent. La structure du deuxième roman est vraiment différente, je n'ai pas voulu faire la même chose. C'est aussi beaucoup plus profond dans les émotions. On découvre par exemple des filles qui ont les mêmes dons qu'Edie, on découvre aussi pourquoi l'Artilleur dit à Edie, dans le premier volume, « Ça fait des années qu'il n'y a plus personne comme toi. Des années que je n'ai pas vu ou entendu quelqu'un comme toi… ». On découvre aussi pourquoi il existe si peu de Fulgurances…
Les Histoires Sans Fin : Pour finir, à Montreuil, vous venez de passer un peu de temps avec certains de vos lecteurs français. Qu'est-ce que cela vous fait ? Sont-ils différents des jeunes lecteurs anglais ?
Charlie Fletcher : Je suis heureux de voir surtout que les filles sont plus ouvertes à la fantasy qu'en Angleterre. Il y a une vraie séparation entre les garçons et les filles. On dit souvent, en Angleterre, que la fantasy c'est pour les garçons. C'est très important pour moi d'écrire quelque chose qui plait aussi aux filles. J'ai moi-même une fille et un garçon, comme je l'ai dit, ces livres sont pour eux, donc c'était très important pour moi que cela plaise aux deux.
C'est amusant, au début je ne voulais parler que de George, Edie n'existait pas. Un jour, je m'installe à mon bureau, une tasse de café chaude à côté de moi, je commence à écrire la scène de George et de l'Artilleur qui courent dans le parc. À ce moment-là du livre, George est le seul à pouvoir voir cette autre dimension de Londres. Et sans que j'aie pu le prévoir, Edie passe dans un bus et voit George et l'Artilleur courir, elle saute du bus et les rejoint… Ce n'était absolument pas prévu, le personnage s'est réellement imposé dans l'histoire. C'est pour ça que les filles apprécient Edie, c'est certainement sa force qui les a séduites.
Les Histoires Sans Fin : Merci.
Charlie Fletcher : Merci beaucoup.
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