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Incertitudes en psychanalyse

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Essais

Incertitudes en psychanalyse

Comme toujours dès qu'on décentre durablement l'humain de son apparente et naïve quiétude, dès qu'on sème le doute sur ses souvenirs et l'origine de ses passions, on le rend malade. Malade de la peste. Le dimanche 27 aout 1909, sur le pont du George Washington qui l'amenait à New-York, contemplant la découpe des gratte-ciels de Manhattan, Freud ne s'y était pas trompé. "Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste... " avait-il confié pensivement à Ferenczi et Jung. La psychanalyse comme peste des certitudes. Vérité impossible à formuler en Europe ? Ironie d'un viennois ciblant la naïveté américaine ? En tout cas, la mesure de cette "peste" et la qualification de ses symptômes ne sont pas plus aisés aujourd'hui qu'en 1909. C'est pourtant cela que vise ce recueil. Au demeurant, la véracité de la phrase citée fait débat. Elle ne figure ni dans les oeuvres de Freud, ni dans celles de Ferenczi ou de Jung. Pourtant, le 7 novembre 1955, à Vienne, lors d'une conférence prononcée sur le sens d'un "retour à Freud", Lacan affirme la tenir de Jung. Mais l'aurait-il finalement inventé pour propager, au nom de son fondateur, l'annonce des méfaits de la jeune science ? Comme pour le pangolin du XXIème siècle, un doute subsiste sur l'identité de l'agent infectieux. Rendre à l'incertitude son bien, tel est donc l'enjeu. Mais encore faut-il pouvoir la défaire de l'irritation qu'engendre toute retenue, fût-elle celle du jugement. Séjourner "dans les incertitudes, les mystères et les doutes sans se laisser aller à la quête agacée de faits ou de raisons" exige une solide capacité négative. John Keats en faisait la source du génie de Shakespeare, et Bion en rappelle l'impérieuse nécessité dans l'exercice de l'analyse. C'est à ce prix que l'écoute s'affranchit de tout agrippement au savoir, qu'elle accueille l'angoisse et l'effondrement pour permettre, le moment venu, les salutaires mouvements de la curiosité. Certes on pourra regretter que depuis plus d'un siècle "la jeune science" ait pris quelques rides et qu'elle puisse parfois s'essouffler sous le poids de trop généreux commentaires. Pourtant l'incertitude demeure l'ordinaire du psychanalyste. A condition, bien sûr qu'il accepte de suivre les chemins du scandaleux et de l'inouï en s'arrachant aux ornières du bien connu et du prédictible. Comme on le verra, les textes ici assemblés partent souvent de "petits riens", rencontrés au fil du quotidien analytique. Dans la cure, dans l'échange entre collègues, en marge de lectures. Ils sont comme autant de pensées incidentes. Elles en disent souvent longs sur les vastes et complexes théories qui les sous-tendent et se sont constituées au cours d'un lent parcours. A l'écart de tout conformisme assuré, chaque auteur a voulu se laisser distraire par l'imprévu et l'incertain. Sans fausse pudeur. Sans naïveté ni complaisance non plus.

12/2021

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Winnicott

Sport, psychanalyse et science

Les derniers J.O. d'Atlanta témoignent de la nouvelle géopolitique de la planète sportive. Le comité olympique en choisissant Atlanta et non Athènes a rompu avec la préhistoire des J.O. modernes et entérine le passage du nationalisme sportif des Etats-nations à l'universalisation de la performance motrice soutenue par le progrès scientifique et technique et la loi du profit. À travers quatre lectures différentes, nous essayons de montrer que si le sportif est le fils de la science et s'il bénéficie de ses apports pour repousser toujours au-delà les limites de ses performances, il est aussi le fils de la psychanalyse car le champion témoigne de manière exemplaire de l'importance d'un engagement singulier par l'unicité d'un exploit toujours à répéter. Mais à l'inverse des croyances communes et des discours scientifiques sur le sport qui prétendent augmenter la motivation pour les pratiques sportives en trouvant des arguments d'utilité, d'hygiène, de santé, d'excellence, de beauté, de cohésion nationale ou de développement économique, notre écoute des sujets sportifs, orientée par une référence aux concepts de la psychanalyse, nous permet de dire que ce que récupère le marché capitaliste en faisant commerce des spectacles sportifs, ce sont les dimensions d'inutilité, de contingence, d'aléatoire, d'incertitude propres à la condition humaine dont l'acte sportif témoigne. Ce qui enchante le pratiquant sportif, ce qui fait exulter les foules sportives et provoque l'engouement des enfants, c'est que le sport dans nos cités modernes reste encore un lieu d'indétermination relative dans lequel l'exercice de sa motricité peut donner à chaque sujet la conviction d'une liberté d'existence, ce que la réussite du champion vient faire miroiter comme un idéal désirable au risque d'en faire un support religieux d'absolu offert alors à toutes sortes de manifestations chauvines, violentes ou racistes. À ce croisement du sport, de la psychanalyse et de la science peuvent s'intéresser aussi bien les sportifs, les éducateurs, les professeurs d'éducation physique que les psychanalystes et les scientifiques, mais pourquoi pas aussi les politiques, car cette rencontre imprévue débouche sur des questions éthiques, en convoquant chacun à se confronter à l'impensable dont se soutient sa pratique et celle des autres. Les échos de nos lecteurs contribueront à affiner nos pistes de recherche.

08/1997

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Pédagogie

Education et formation

Suite au Vle congrès CLIOPSY (2022, université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis), cet ouvrage poursuit le dialogue entre éducation et psychanalyse en interrogeant la force traumatogène provoquée par les événements qui font irruption dans l'espace psychique des sujets singuliers, dans les collectifs et dans les sociétés mondialisées. A partir de la prise en compte du malaise actuel qui produit des effets sur nos rapports au(x) savoir(s), nos identifications, nos tiens avec le passé et notre manière de vivre le présent, les travaux présentés sont centrés sur les usages possibles de la notion d'incertitude et sur les processus subjectifs de transmission, de filiations et d'affiliations potentiellement à l'oeuvre dans les domaines de l'enseignement, de l'éducation, du médico-social, du travail social et du soin. Dans la continuité du livre Education, formation et psychanalyse (2019), cet ouvrage témoigne de l'actualité toujours féconde de l'approche clinique d'orientation psychanalytique dans le champ de l'éducation et de la formation.

09/2024

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Non classé

Le corps comme seuil

Peut-on reconnaître le corps comme une zone seuil, entre soi et le monde, dedans et dehors ? Dans notre rapport au monde, un objet nous met sans cesse à l'épreuve : il nous permet d'agir, de prendre plaisir, de se déplacer, mais aussi de souffrir et d'éprouver les limites imposées. Cet objet – le corps – est une preuve permanente de notre qualité vivante. Quel statut donner au corps ? Comment entendre la psychopathologie s'exprimant par le corporel ? Comment considérer le corps en psychothérapie, psychanalyse, psychomotricité ? Entre un corps éludé dans les options théoriques et cliniques et un corps objet technique désaffecté, les développements les plus récents permettent d'envisager autrement les enjeux du corps dans la théorie et la clinique. Psychanalyse, psychologie clinique, psychomotricité, neurosciences sont convoquées ici pour tenter de répondre au constat : le corps certes est là, alors qu'en faire ? Ce texte invite les cliniciens à oser une originalité clinique en considérant le corps dans sa complexité, dont les dimensions relationnelle et psychique. La proposition est de penser le corps comme seuil, lieu d'incertitude, de passage, de tension et déjà de transformation entre un dedans et un dehors, entre soi et le monde. C'est sur ce corps-seuil que la rencontre se fait, à partir de lui que la clinique s'élabore.

03/2020

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Non classé

Se retrouver

Catherine Chabert associe étroitement les fils d'Œdipe et de la différence des sexes, et ceux de la perte et de la séparation : ils vont venir s'actualiser au plus vif du transfert dans la cure analytique, qui implique l'amour et la haine, l'idéalisation et la déception, l'abandon et le renoncement, mais aussi l'espérance et la conquête d'un peu plus de liberté. Chacune des quatre rencontres dans l'ouvrage privilégie l'un ou l'autre de ces mouvements. Une présentation précise de la thématique précède les textes de chaque auteur qui y revient à sa manière, dans de riches confrontations cliniques et métapsychologiques : Vincent Vivès et Paul Denis dans les " Incertitudes d'Œdipe, commencer avec Flaubert ", Leopoldo Bleger, Evelyne Chauvet et Bernard de La Gorce dans " L'un et l'autre ", Jacques André, Sylvain Missonnier et Laurence Kahn dans " Mort, meurtre, pulsion de mort ", Jean-François Chiantaretto et André Beetschen dans " Aimer la psychanalyse ". Catherine Chabert reprend et prolonge la discussion à la fin de chaque rencontre. Patrick Autréaux en fin de volume livre un poème, Barren Lands.

05/2023

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Travail social

20 questions pour penser le travail social

L'actualité ne cesse de nous rappeler l'incertitude du statut du travail social dans nos sociétés en même temps que sa nécessité. Ce paradoxe oblige les professionnels de ce secteur à se réinterroger constamment sur les fondements, les savoirs de référence et les finalités de leur difficile activité. Le but de cet ouvrage est d'y contribuer en abordant des questions fondatrices du travail social dans le double registre de la valeur et de la connaissance, et dans l'horizon du sens. Les questions relatives à l'autorité, à la violence, aux rapports entre la connaissance et l'action, à l'éthique, au handicap et à la peur qu'il induit toujours, à la sexualité, ou encore à l'écriture, la psychanalyse ou le temps y sont ainsi développées dans un esprit volontairement pédagogique illustrant ce que peut être une démarche philosophique appliquée à une pratique professionnelle. Professionnels et étudiants y trouveront matière pour développer leur réflexion et, comme ce livre les y invite, pour exercer leur jugement.

06/2007

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