Nicole Rouillé est venue tenir conférence au sein du Salon du livre pour présenter son dernier ouvrage : Le beau parler françois. Elle nous a proposé, l'espace d'un moment chaleureux, de nous faire redécouvrir les prononciations en usage sous l'Ancien Régime. C'est avant tout le résultat d'un travail de recherche important qu'est venue nous présentée Nicole Rouillé.
Sur un ton volontiers chantant, elle nous a immergés dans des prononciations que l'on retrouve encore en usage au sein des campagnes profondes. Mais, le Québec est aussi le révélateur d'un parler qui n'est pas si éloigné de ce qu'il put être il y a quelques siècle en France.
Si l'étude de l'ancien français peut souvent apparaître comme rebutante du fait d'une très grande complexité des règles, chacune souffrant de très nombreuses exceptions, Nicole Rouillé s'est proposée de nous familiariser rapidement avec quelques usages très courants.
Une langue notée comme une partition musicale :
Ce fut l'occasion de découvrir que l'ancien français était une langue d'une extrême précision. A l'époque, on n'écrit que dans l'éventualité d'une lecture à haute voix du texte. Les manuscrits proposent ainsi ce que l'on pourrait presque appeler une partition musicale. On y retrouve la sonorité, l'intensité, la hauteur de chaque mot.
Nicole Rouillé a pris ensuite un exemple du redoublement des consonnes en français. Si désormais, on ne voit que la contrainte de la mémorisation de ces mots, à l'époque, cela permet de réduire la longueur de la syllabe qui précède. Il en est ainsi dans « hotte », ou « belle » et lorsque l'on marque un accent au lieu de redoubler la consonne qui suit, c'est méconnaître profondément le fonctionnement originel de l'orthographe française.
Tout doit être pensé dans la possibilité d'une profération des textes écrits. Ils ne prennent leur véritable intensité que lorsqu'ils passent à l'oral. Si l'on ne dépassait pas douze syllabes dans un vers, c'est tout simplement qu'un plus long aurait été imprononçable, trop long pour le souffle dont on dispose…
La renaissance de la prononciation originelle :
Nicole Rouillé a travaillé sur les prononciations en usage sous l'Ancien Régime et il faut toujours avoir les règles à l'esprit lorsque l'on aborde un texte de Villon, Racine ou Ronsard. Sans quoi, dans certaines tragédies de Racine, il est aisé de croire que le dramaturge s'est trompé en faisant rimer « hélas » avec « trépas ». Le « s » en fin de vers se prononçait toujours…
Nous avons pu ensuite déguster la lecture de la Ballade des pendus de François Villon tel que l'on prononçait les mots au XV° siècle. Pour découvrir toutes ces règles de la prononciation sous l'Ancien Régime, je vous invite à prendre connaissance de l'ouvrage de Nicole Rouillé,
Le beau parler françois propose un travail sur la langue publique aux XVII° et XVIII° siècles. Si le livre comporte 204 pages (28,49 €, éditions Delatour France), ne vous inquiétez pas, il y est associé un CD pour apprécier cette prononciation d'époque qui fait revivre ces textes classiques que vous avez si souvent entendus sous une prononciation moderne.