Pour conclure, soulignons le beau travail réalisé par Les grandes personnes, à la fois dans l'attention matérielle portée à l'album que dans la traduction des textes (et leur retranscription typographique) qui mettent pleinement en valeur le travail de l'auteur.
Cet album est terriblement drôle, beau, intelligent et plein de verve : on se régale à chaque page qu'on se prend à lire et relire, contemplant ces grandes compositions détaillées.
Les images de Wagenbreth sont toujours aussi resplendissantes : on se délecte de son trait singulier aux perspectives rabotées et parées de couleurs vives et contrastées qui se marient a merveille avec les textes fin et travaillés.
Son écriture versifiée déploie un vocabulaire nourri et apporte encore de l'exotisme à cette histoire qui n'en manque pas.
Mais alors que Nolan l'a déporté dans le film d'espionnage et K Dick dans la science fiction, Wagenbreth prend le pli de l'adapter à tous les pans (ou presque) de la vie quotidienne, ce qui donne lieu à nombre de saynètes particulièrement amusantes.
À la lecture de ce synopsis, on perçoit déjà le nombre de situations incongrues que l'auteur a pu imaginer avec un tel principe narratif, décliné tout le long de l'album.
Dans ce livre, Wagenbreth s'amuse avec l'idée d'un monde à rebrousse temps, où l'on meurt avant de vivre sa vie pour finalement naître, où les ouvriers de l'usine payent à la fin du mois pour pouvoir venir travailler et défaire progressivement les objets jusqu'à obtenir la matière première et la reformer dans son état brut : dans cet univers à l'envers, tout commence par la fin et se termine par le début.