Qu'il soit permis une seconde de prendre parti dans une histoire qui est vieille comme le monde : différencions une fois pour toutes le texte religieux du sentiment religieux, le récit littéraire de la foi. Sur ce point, Andrew Motion, poète officiel de la Reine d'Angleterre, mais plus pour très longtemps, puisqu'il quitte ses fonctions en mars, ajouterait que c'est presque indispensable...
Selon lui, trop d'étudiants parviennent à l'université ne sachant que vaguement si Adam et Eve ne sont pas des marques de sodas, pas simplement par manque de curiosité : l'enseignement littéraire des textes bibliques a disparu du système scolaire.
Il constitue pourtant un « élément essentiel du bagage culturel », rappelle Andrew, sans lequel la littérature, la sculpture ou la peinture pour ne citer que les plus triviaux deviennent incompréhensibles.
« Je ne propose pas une seconde que tout le monde ait à se rendre à l'église durant son enfance. Mais je crois qu'il serait intéressant de considérer la manière de donner un enseignement semblable au cours de la scolarité. » Enfonçons des portes ouvertes, mais... comment saisir la portée de En attendant Godot, sans disposer de quelques sous de savoir sur le Christ ? Et si les éditeurs se mettent à censurer et épurer les récits religieux dans leurs encyclopédies qui plus est...
Retourner aux classiques, c'est fantastique
D'ailleurs, pour Andrew, les enfants devraient lire la Bible, « tout simplement parce qu'elle est pleine d'histoires fantastiques. Elles nous racontent la nature humaine et les comportements qui reviennent ». C'est probablement moins le poète officiel que le professeur d'écriture qui parle, de fait : enseignant à la Royal Holloway University de Londres, Motion prêche en outre une plus grande interpénétration des matières, un décloisonnement qui serait salutaire.
Mais pour Keith Porteous, cité par le Guardian, tout cela est un peu trop demandé : les enfants ont déjà 45 minutes hebdomadaires d'enseignement religieux durant dix années de scolarité et assistent également à des séances de culte obligatoire. Pour l'ancien secrétaire général de la National Secular Society, les idées de Motion sont donc too much.
Pourtant, on ne parle pas d'enseignement religieux, mais de culture et de savoirs.