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Henriette Levillain

Extraits

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Critique littéraire

Cahiers Saint-John Perse Tome 18 : Une lecture de Vents de Saint-John Perse

Saint-John Perse a composé Vents pendant l'été 1945, alors qu'il séjournait, comme chaque été, sur une petite île du Maine (Etats-Unis). C'était le sixième été de l'exil, depuis que, au mois de juin 1940, Alexis Leger, le diplomate, avait été relevé de ses fonctions de Secrétaire général du Quai d'Orsay par Paul Reynaud. Du fond du silence et de la solitude, l'appel de la poésie s'était à nouveau fait entendre, elle qui avait été laissée en retrait depuis Anabase. Et avec le recueil, d'abord intitulé Quatre poèmes-1941-1944, puis Exil, un cycle s'était clos. Celui de l'exil politique la libération de la France occupée pouvait laisser légitimement prétendre à une réhabilitation du proscrit. Celui de l'exil poétique : Perse avait appris le sacrifice du passé et le dialogue imaginaire avec les gens de peu, sur les chantiers et les cales désertées par la foule, après le lancement d'une grande coque de trois ans. Le thème n'était bientôt plus de circonstance. Or, dans les mois qui précédèrent Vents, Saint John Perse se trouva face à un dilemme majeur : il allait falloir choisir entre la reprise de la vie publique du haut fonctionnaire - mais quelle serait-elle? - et la construction d'une grande œuvre poétique - mais serait-elle entendue? On sera peut-être surpris d'apprendre que c'est le poète qu'il avait eu l'intention durant l'été 1944 d'étrangler, devenu trop inopportun pour la préparation pratique à une vie nouvelle (lettre à Mrs Francis Biddle). Vents est donc le résultat inattendu d'une crise du renoncement, aussi grave que la nuit de Gênes pour Valéry. Finalement, Saint-John Perse a voulu demeurer chez ses amis américains, quitte à s'installer dans une posture fictive d'exilé. Dans son poème, il traverse les Etats-Unis, à cheval, d'Est en Ouest. Aurait-il tourné le dos à la vieille Europe blessée et renoncé à y faire entendre sa voix? Ou bien, serait-ce que la hauteur de sa monture et la distance de l'Atlantique fussent les seuls lieux d'où il réussissait à parler aux hommes de son pays? Poussé en avant par la force des vents, par le rythme entraînant du verset et les rebonds inouïs des images, le lecteur n'a pas toujours conscience du drame qui se joue dans Vents : les destinataires ardemment sollicités y sont absents.

11/2006

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Biographies

Virginia Woolf, carte d'identité

Qui ignore aujourd'hui Virginia Woolf ? La beauté anxieuse de son visage, les tragédies de son enfance, sa mélancolie suicidaire, ses appréhensions sexuelles, sa liaison tumultueuse avec Vita Sackville-West et sa défense de la cause des femmes ? Au cinéma comme au théâtre sont exposés avec complaisance ses frustrations d'adolescente et ses combats contre l'autorité masculine, ses crises de dépression et sa noyade dans la rivière Ouse. Les féministes ont fait d'elle une icône, et les psychiatres diagnostiqué sa maladie. Or aucun de ces arrêts sur image ne donne la clef d'une imaginative qui s'est refusée à aggraver le malheur, à laisser le dernier mot à la mort. Dans cet essai aux multiples entrées, Henriette Levillain rend à l'oeuvre romanesque son autonomie au regard des confidences de la femme en souffrance. Les personnages de Virginia Woolf ne sont pas des reflets mais des créatures auxquelles elle donne le pouvoir de relier ce que la vie ne cesse de séparer, les corps comme les consciences. "Beauté", "Féministe", "Marcheuse" ou "Poète", autant de fenêtres ouvertes sur les secrets d'une artiste qui, malgré son drame intime, savait enchanter le quotidien.

02/2021

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Critique littéraire

Yourcenar. Carte d'identité

Rendue célèbre en 1951 par Mémoires d’Hadrien (prix Femina), puis par L’Oeuvre au Noir (1968), Marguerite Yourcenar (1903- 1987) a été aussitôt classée, pour le meilleur et le pire, parmi les grands écrivains français classiques : érudite, impersonnelle, maîtrisée jusqu’à l’excès dans le style et les passions, académique avant l’heure de son élection. En réalité, avec le recul du temps et grâce à la connaissance nouvelle de son oeuvre intime - Mémoires, Correspondances - ou de ses récits plus modestes Nouvelles, Essais -, une personnalité tout autre d’écrivain femme se révèle. Avec son ironie et ses attendrissements, son orgueil et son humilité, son pessimisme grandissant et son idéal de bonté, son homosexualité affichée et sa misogynie. Accueillir et identifier ces passions contradictoires en allant de l’oeuvre à la vie et réciproquement, tel est l’enjeu de cet essai. Il faut du temps pour approcher la «vérité» d’un écrivain comme Marguerite Yourcenar. Henriette Levillain, par cette carte d’identité, nous permet néanmoins de s’en approcher. D’aristocrate à écologiste, de frontalière à visionnaire, elle dresse dans un abécédaire biographique le portrait de cet auteur paradoxal. Henriette Levillain, professeur émérite à Paris-Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages et articles parmi lesquels Saint-John Perse, Fayard, 2013 (Grand Prix de la biographie littéraire de l’Académie française), Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar (Foliothèque, 1993), Qu’est-ce que Le Baroque ?, Klincksieck, 2003.

01/2016

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Biographies

Katerine Mansfield. Rester vivante à tout prix

Katherine Mansfield est née en 1888 à Wellington, en Nouvelle-Zélande. Elle est morte de la tuberculose en 1923 à Avon, près de Fontainebleau. Elle avait trente-quatre ans. Mansfield, par instinct et par goût, n'a écrit que des nouvelles. Faute de traces de son "campement" sur terre et en raison de nombreux malentendus, Katherine Mansfield, la seule dont Virginia Woolf avouait avoir été jalouse en tant qu'écrivain, est tombée dans la fosse commune de l'oubli. L'écriture fut son unique ligne de force. Dans le Midi de la France, où elle passe ses derniers hivers dans la souffrance et la solitude, elle écrit ses plus beaux textes. Elle cherche le mot juste, la perfection mélodique. Elle s'y épuise. Mais elle découvre enfin l'euphorie. Henriette Levillain retrace avec talent la vie et l'oeuvre de cette femme sensuelle, musicienne, éprise de nature et de liberté.

09/2023

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Critique littéraire

Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar

"Le titre Mémoires d'Hadrien s'inscrit sous la double autorité de l'Histoire, celle de l'Empire romain du II ? siècle après J. -C. , et de l'histoire littéraire, celle d'un genre, celui des Mémoires, qui a ses règles et ses modèles. De fait, le sujet, le style et la pensée de cette oeuvre appartiennent à la tradition française la plus purement classique. La pensée s'y développe en une longue méditation analytique à la première personne, selon le mode de nos mémorialistes du XVII ? siècle. Le style emprunte ses périodes complexes et ses asyndètes aux balancements équilibrés de la prose de Tacite et de Cicéron. Et le sujet en est la réflexion critique impitoyable portée sur son règne par un empereur qui fut un grand homme d'Etat. Qui croirait en lisant cette évocation du lointain siècle d'or des Antonins par un homme "maître de [soi] comme de l'univers" que son auteur fut, quelques années plus tôt, le témoin d'une déflagration mondiale ? Qui croirait, par ailleurs, que ce roman pût être contemporain, à peu de mois près, d'un essai polémique de Nathalie Sarraute, intitulé L'Ere du soupçon, qui affirmait le caractère irréversible de la révolution romanesque, la mort du personnage, la déconsidération de l'action, qu'elle soit héroïque ou criminelle, la disparition de l'analyse et de la description ? " Henriette Levillain.

04/2001

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Revues

Bulletin de la société Paul Claudel N° 236, 2022-1 : Les philosophes inspirés par Claudel

Contributeurs : Didier Alexandre, Agnese Bezzera, Yves Fravalo, Guanqiao Huang, Yinuo Jiang, Graciane Laussucq Dhiriart, Henriette Levillain, Stephen E. Lewis, Anne Mantero, Catherine Mayaux, Marie-Victoire Nantet, Jacques Parsi, Claude-Pierre Pérez, Jean-François Poisson-Gueffier, Armelle Rincquesen-Corman, Eric Touya de Marenne et Soeur Barbora Turkova.

04/2022

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