La poésie dne fait pas de manières. Par sa sobriété, son naturel, la justesse de son ton, elle est là pour tous, attachante et vibrante. Nul besoin d'initiation, de références ou d'érudition pour accéder au plaisir des images, des couleurs et des sons (et même du silence) qui composent ce recueil.
"Le bon livre au bon moment".
Il suffit de se laisser porter par la grâce des mots, le rythme léger pour sentir le mouvement de la mer et du vent, le changement de saison, les vies qui passent. Sans effort, presque par surprise, les odeurs de terre et de sel, de fleurs sauvages s'échappent discrètement des pages et viennent heurter, complices, les couleurs impressionnistes de Bretagne ou d'ailleurs.
Loin, bien loin, ces poèmes emmènent le lecteur, avec douceur et quiétude. De courts voyages inattendus où le dépaysement et l'exotisme, la beauté et l'amour, la vieillesse et la mort, la contemplation et le rêve, se découvrent sans distance.
"Vivre l'instant comme une eau qui déborde."
De ce quotidien, de cet ordinaire, de la force de l'instant par-dessus tout, le poète, attentif et à l'affût, toujours délicat, filtre l'essentiel et libère. Quel plaisir !
"Sur le chemin/ des phrases tombent des lèvres des marcheurs/ et butent contre mes pieds/
qui n'ont jamais fait de pas aussi longs."
Le lecteur, est là, à l'intérieur de ces textes, contemplatif et absorbé. "Dans le paysage, des murs se sont écroulés/ des rêves aussi/ Au paysage, les murs se sont intégrés/ les rêves aussi."
Sa vie mise entre parenthèses, le temps d'un poème, puis d'un autre, jusqu'à ne plus pouvoir s'arrêter. Il a besoin de sentir son vague à l'âme "se confier au vent", besoin de respirer l'odeur de la pluie sur les pierres ou dans les champs, besoin de se reposer "sur des images qui se reposent/ en bleu en rouge/ en vert/ sur l'eau du port", besoin d'écouter les cris de la sterne ou du goéland, "l'océan qui va et vient/ selon le vent", besoin d'apercevoir les étoiles brillantes dans la nuit, le blanc des nuages, le sable du Mont, les lèvres rouges de la jeune fille "qu'on les dirait embrassées/ à l'instant".
Besoin des rencontres également, "Tant de monde dans si peu de mots", à la fois intimes, singulières, si précieuses, auxquelles les paysages et les intérieurs se lient et inversement.
"La terre tourne sur sa palette."
Poésie-peinture, peinture-poésie, les couleurs se mêlent aux sonorités et happent sans réserve. C'est à lire, à voir, à écouter, à répéter, à partager. En continu ou fragmenté. Seul ou accompagné.
"Du soleil qui reste dans la gorge".
Quelle que soit la manière, le voyage sera beau, immédiat et sans regret. Sauf, peut-être celui de ne pas repartir une nouvelle fois…
Mais, précédé par "Une île en terre" (2016), "Le poids d'un nuage" n'est que le deuxième volume de la trilogie, "Les continents sont des radeaux perdus". La promesse d'un nouveau voyage est alors tenue.
A noter que chaque recueil peut se lire indépendamment.
Dans la cadre du Printemps des poètes, le samedi 18 mars à 20h30, rencontre avec Yvon Le Men autour du deuxième tome de sa trilogie poétique, Le poids d’un nuage à la librairieLa Gède aux livres (Batz-sur-Mer)