Avec ses 17 ans de publication au compteur, , comme son nom l'indique en est un ! Certainement habitué à ce jeu de mots facile, nous sommes allés poser quelques questions à l'auteur qui se partage, en ce moment, entre deux activités.
La première est la parution du Livre dont vous êtes ENCORE la victime, la suite d'un roman paru chez PKJ, il y a 10 ans. La seconde activité d'Arthur Ténor, c'est la deuxième casquette qu'il a coiffé il y a quelques mois : Directeur de collection pour les éditions Scrinéo.
Comment vous êtes-vous retrouvé directeur de collection chez Scrinéo ?
À l'occasion de la publication de mon grand format de fantasy Les Fabuleux, j'ai découvert un éditeur enthousiasmant. Jean-Paul Arif et son équipe m'ont réellement bluffé par leur dynamisme, leurs ambitions et leur optimisme, à une époque où tant d'entre nous dans la profession se plaignent, grognent et cultivent le pessimisme. Cela donnait vraiment envie d'être l'un des collaborateurs de cette maison qui sait écouter, prendre des risques sur des talents à peine émergents, avoir confiance dans les nouvelles technologies… et qui réussit ! J'ajoute que j'ai particulièrement apprécié la volonté de cet éditeur de défendre et promouvoir la littérature jeunesse des auteurs FRANÇAIS ! L'opportunité s'est présentée pour moi, lorsque Scrinéo a commencé à publier des récits pour plus jeunes lecteurs (FBI - Animaux disparus de Gérard Lecas). Comme je dispose d'une certaine expérience dans la littérature jeunesse, j'ai proposé ma candidature pour animer cette partie de la production de Scrinéo. Jean-Paul Arif a immédiatement répondu favorablement et c'est ainsi qu'a commencé une collaboration particulièrement fructueuse et agréable.
Quelle « couleur » voulez-vous donner à cette collection ?
Les couleurs de l'arc-en-ciel, c'est-à-dire celles de la richesse et de la diversité. Tous les genres et tous les styles sont les bienvenus. C'est une volonté de Jean-Paul Arif, que je partage, de ne pas se spécialiser dans un genre ou un autre. Être ouvert à 360 degrés, c'est être sûr de ne pas se priver d'excellents romans. Ce doit être très frustrant d'en refuser au motif que la ligne éditoriale ne permet pas de les intégrer dans son catalogue.
Comment êtes-vous « tombé » sur tes deux premiers textes (WiFi génie et Les Yeux du Jaguar) ?
Je connaissais l'auteur de Wifi-génie, Luc Blanvillain, non pas personnellement, mais grâce à l'un de ses premiers succès, Un amour de geek, paru chez Plon. Par un ami commun, j'ai pris contact avec lui… et le courant est passé. Brigitte Coppin qui nous a proposé ces très beaux Yeux du Jaguar, est une auteure plus que confirmée que j'ai maintes fois croisée sur des salons. Bien qu'elle soit publiée par les plus grandes maisons du pays, elle nous a réservé son projet qui était, « évidemment » ai-je envie de dire, remarquable. Cette marque de confiance est pour nous un encouragement majeur.
Racontez-nous un peu cette suite de « Le livre dont vous êtes la victime » ?
Pour ceux qui ne le sauraient pas, qu'ils soient avertis que lorsqu'une librairie du Styx ouvre quelque part, c'est l'assurance que les ennuis commencent pour quelques lecteurs imprudents. Et pour cause, ceux-là auront acquis un « Livre dont vous êtes la victime ». Tout est dans le titre, mais on peut aussi résumer l'affaire ainsi : “ En achetant ce livre, vous en devenez le héros… qui meurt à la fin ” (c'était du moins inéluctable dans le premier, publié en 2004). Dans celui qui vient de paraître, les acheteurs-victimes vont voir leur fantasme d'incarner un vrai héros de roman exhaussé au-delà de leur imagination. C'est un peu comme les drogues fortes et funestes : la montée est fabuleuse, mais brève, et lorsque se produit le basculement, c'est l'entrée en enfer. Or, comme vous le savez, on n'en sort pas facilement, d'où les fins alternatives…
Pourquoi avoir eu l'idée de faire quatre fins différentes ? Est-ce que vous n'arriviez pas à te décider ?
Ça peut arriver, mais pas pour ce livre qui était terminé lorsque j'ai proposé cette idée à l'éditeur. Pour un auteur, c'est parfois un peu frustrant de n'avoir qu'une seule option, surtout quand on voit plusieurs façons possibles de terminer une aventure. Par surcroît, imaginer plusieurs fins, c'est se donner la liberté que le roman se termine, par exemple, très mal pour le héros auquel on s'est attaché, ou au contraire de manière féerique, ou encore de façon totalement surréaliste, voire loufoque. L'alliance du livre traditionnel et du numérique ouvre de formidables horizons à la créativité. C'est ce qu'on pourrait appeler le livre augmenté, ou l'avenir en marche. Et comme j'adore la marche…
Vous aimez chercher de nouvelles formes d'écriture. Est-ce que vous vous êtes penché sur le numérique et ses différentes facettes ? Vidéo, son, lien hypertexte ?
Un écrivain, même si sa spécialité c'est l'écriture, est avant tout un créatif, un inventeur, un innovateur, autant qu'un raconteur. Donc, oui j'aime découvrir et parfois réfléchir à de nouvelles formes d'écriture. La preuve, lorsqu'en 1999, Jean-Pierre Arbon a créé l'une des premières maisons d'édition numérique, 00h00.com, j'ai été de l'aventure en publiant deux œuvres : un roman classique (Le roman de l'Étrange Inconnu) et un autre beaucoup plus original dans sa forme, Le grenier à malices. Ce fut le premier roman numérique interactif, où le lecteur pouvait suivre (sur les premières liseuses Cytale), en cliquant sur des liens hypertextes, la même histoire sous deux angles différents et en incarnant deux personnages. Un sacré casse-tête, mais un vrai bonheur pour l'auteur. On n'en pas vendu beaucoup, mais c'était une expérience que je renouvellerais volontiers. À l'époque, la technologie ne permettait pas la souplesse et la facilité d'utilisation des moyens actuels. Alors oui, sans doute serai-je un jour tenté d'écrire un roman avec des développements numériques, vidéo et autres. D'ailleurs, c'est peut-être déjà fait…