Ecosociété, une maison d'édition montréalaise, a annoncé qu'elle publiera bien Noir Canada malgré les menaces de procès qui lui sont faites et qu'elle juge abusives.
Le livre en question dénonce les abus des compagnies minières canadiennes en Afrique. À la lecture du premier chapitre et du résumé sur le site de l'éditeur, la compagnie Barrick gold s'est insurgée. Et a menacé Ecosociété et les auteurs du livre, Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher d'un recours en justice pour faire interdire le livre et obtenir des dédommagements pour diffamation. Dans la mise en demeure qu'elle leur a adressée, elle indique qu’« À la lecture du matériel promotionnel diffusé sur le site web d'Écosociété, il ne fait aucun doute que ce livre véhicule des allégations fausses et grandement diffamatoires au sujet de Barrick ». Elle précise aussi que si « ne serait-ce qu'une copie du livre » en contient, elle saisira la Cour supérieure.
La maison d'édition ne se dégonfle pas
Après un mouvement d'hésitation, l'éditeur a quand même décidé de lancer la publication de l'objet de l’ire de Barrick gold. Il est donc paru hier avec un jour de retard sur la date de publication initialement prévue. Anne-Lise Gautier, coordonnatrice éditoriale d'Écosociété déclare que « Ce n'est pas avec de l'intimidation qu'ils peuvent empêcher la sortie d'un livre. Surtout qu'il s'agit d'un livre sérieux, rigoureux, sur lequel il y a eu des années de travail. Ils ne peuvent pas s'autoproclamer censeurs ». D'autant plus que Noir Canada ne parle pas que de Barrick gold mais aussi d'une bonne quinzaine d'autres compagnies.
Barrick gold est en terrain connu
Il faut dire que Barrick gold n'en est pas à son premier coup. En effet la compagnie minière avait déjà poursuivi The London Observer, le rendez-vous dominical des lecteurs de The Guardian, qui avait reproduit de telles allégations dans un reportage en s'appuyant sur rapport d'Amnistie internationale. Et la compagnie qui se trouve être la plus grande productrice d'or au monde avait obtenu gain de cause.
L'avis de Vince Borg
C'est en se reposant sur ce passé victorieux, que Vince Borg, vice-président aux communications de Barrick gold déclare : « Des enquêtes ont été menées sur ces allégations et il a été déterminé qu'elles n'avaient aucune base factuelle. La répétition de ces allégations malgré les résultats de l'enquête, est dommageable. »
La réponse de la maison d'édition
Ce à quoi la coordonnatrice éditoriale d'Écosociété répond par : « Toutes les allégations que nous reprenons sont liées à des rapports internationaux et elles sont toutes écrites au conditionnel. Un rapport d'enquête et un jugement ont complètement libéré Barrick de toute responsabilité, et c'est écrit dans le livre. Il n'en demeure pas moins que des doutes restent. »
Alors gros mensonge à cacher ou bouc émissaire...? Rien ne permettra apparemment de se prononcer dans le livre Noir Canada, mais la question reste en suspens et la possibilité d'un procès aussi. Affaire à suivre donc.