Dix petits bijoux minimalistes et pourtant immenses.
Faire jaillir de si merveilleux textes, si profondément humains, si sobrement terribles relève d'un art consommé.
J'ai souvent dit que j'étais assez réticent face à ce type d'ouvrage – la nouvelle - où les mots semblent économisés, où l'auteur paraît avoir fait preuve de paresse en ne développant pas plus des idées souvent magnifiques. Là, je suis tombé sous le charme ! Un mot de plus serait un mot de trop.
Et, bien que ne parlant nullement portugais, je me suis essayé à lire le texte originel (il s'agit d'une édition bilingue). J'ai senti, malgré toute mon ignorance, la proximité de la traduction avec les mots de l'auteur, toute la musique des textes conservée dans cette transcription à quatre mains.
C'est une bien belle performance.
Car Suleiman CASSAMO est un griot et un poète.
Ses textes puisent leur âme dans la terre de ses ancêtres, dans les difficultés d'une société en mutation, à mi-chemin entre les anciennes traditions et la modernité, entre les femmes qui portaient le bébé sur le dos et un énorme colis sur la tête et les filles qui fument et portent des jeans.
Car les femmes sont au cœur de chaque histoire : filles mariées – quasi vendues en échange d'un « lobolo », une dot - en dehors de leur consentement, femmes au foyer, mères protectrices. Elles sont partout présentes. Sur elles reposent la vie et l'avenir. Vénérées ou battues, victorieuses ou soumises, elles sont au centre de tout.
Et les nouvelles de Suleiman CASSAMO leur sont un chant de gloire, de dévotion, d'estime et de tendresse qui se lit avec humilité, respect et, pour ma part, beaucoup d'admiration