Pourquoi diable Deadpool partirait en quête de La Petite Sirène, de Tom Sawyer, des Trois Mousquetaires, ou encore de Moby Dick et du Dr Franckenstein ? Tout bonnement pour éradiquer ces récits, sources d’inspiration aux univers de super héros — et donc de souffrance pour lui-même. Comment mourir, pour de bon, quand on est doté de capacités régénératrices accélérées (au point qu’une main tranchée repousse en quelques cases…) ?
Eliminer tous les mondes de super-héros, c’est affronter un multivers qui n’en finira jamais. Partir à la recherche des récits originaux, remonter les fils qui ont tissé les oeuvres, voilà une approche radicale. Et peut-être même vouée à faire disparaître Deadpool lui-même.
Chiche ?
C’est que Deadpool est profondément dérangé. C’est sans doute pour cette raison qu’il est conscient d’être un personnage de fiction. Ainsi, il brise souvent le quatrième mur pour s’adresser directement au lecteur.
Cependant, le Deadpool (issu d’une réalité alternative) que nous avons commencé à suivre dans le premier volet de la “Massacrologie” de Cullen Bunn (Deadpool massacre l’univers Marvel) ne jette pas un regard amusé sur l’univers dans lequel il évolue. En effet, lorsque le héros découvre, à la fin de la saga, qui existe à autres réalités, il devient clair pour lui que son travail vient tout juste de commencer.
Le scénariste s’exprime en ces termes sur sa propre mort présumée dans Deadpool massacre l’univers Marvel : « À la fin, Deadpool tue bel et bien une version de moi, peut-être le Cullen Bunn de la Terre 260 — Truc. Mais il existe d’innombrables versions de moi dans le Multivers... ce qui est plutôt chouette comme idée. » L’auteur étant toujours en vie, il peut écrire la suite des aventures de son Wade Wilson maléfique et nihiliste.
Le projet s’appuie, entre autres, sur l’idée de monomythe de Joseph Campbell. Dans le héros aux mille et un visages, le mythologue américain souligne à quel point tous les grands mythes (et leurs déclinaisons plus modernes, comme Star Wars par exemple) sont bases sur les mêmes archétypes, jusque dans la structure même du récit.
Ainsi, dans l’histoire qui suit, Deadpool cherche à éliminer les personnages ayant servi de matrices aux super-héros, s’intéressant pour cela aux œuvres fondatrices de la littérature. Attendez-vous à croiser Moby Dick (la baleine du roman de 1851), des vampires (création de John Polidori en 1819) ou encore... Sherlock Holmes (créé par Conan Doyle dans Une étude en rouge en 1887).
Et mieux vaut vous prévenir : ils ne sortiront pas tous indemnes de leur rencontre avec Deadpool.