Récit médiéval bien sombre, Mémoires de Gris relève du conte tragique, relate l’aventure de Pierre de Brume, chevalier revenu des croisades... mort. Il sera ressuscité par Marion, avec qui il jouait enfant, et devenue guérisseuse. Dans un univers où le peuple est opprimé par des taxes écrasantes, la violence et la misère imprègnent la région de Gris, où se déroulent des luttes de pouvoir et de survie.
Ce roman graphique joue d’un cadre historique réaliste, dans lequel sont introduits des éléments fantastiques – rédemption, mysticisme sont au menu, le tout servi avec une forêt particulièrement étrange. Mais que serait un bon récit médiéval sans une forêt abritant des créatures surnaturelles ?
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Tandis que Pierre part en quête de liberté et de son identité, le territoire se meurt... Marion, son ancien amour, s’est tournée vers des puissances anciennes et magiques, pour aider les habitants. Mais sorcière n’est pas vraiment un métier enviable à cette époque.
Poétique dans sa narration, malgré un contexte de misère, où la rébellion sourd, Mémoires de Gris offre une mise en scène splendide. La colorisation terne et grisâtre contribue grandement à cette atmosphère mélancolique et austère, autant que les personnages alimentent les tensions entre paysans et élites.
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À son retour, Pierre découvrant un royaume exsangue, où l’exploitation des terres de Gris, saignées par des taxes servent à financer cette guerre lointaine contre les infidèles. A-t-on à cœur de servir Dieu en mourant de faim ?
Sylvain Ferret, qui signe le scénario aussi bien que le dessin, présente des faciès austères, à l’aune de la crise qui se profile. La désolation ne sévit pas que sur les terres presque abandonnées. L’œuvre s’inscrit dans une tradition d’histoires médiévales tragiques, sous l’influence de la légende de Robin des Bois — la résistance populaire au pouvoir oppressif.