L’Homme, a-t-il jamais éclos ? Voici une réponse, labellisée « Mircea Cărtărescu » : « Nous menions notre vie souterraine, comme des insectes livides et aveugles, aux cils longs et fragiles recherchant en permanence alentour l’ouverture improbable d’un tunnel, la sortie vers une impossible rédemption. Car même si nous trouvions une issue à notre univers concave (Horbiger avait raison : nous vivons dans une caverne creusée dans la roche infinie de la nuit, éclairés, du centre, par le soleil ovarien), elle ne pourrait donner sur un espace ouvert, d’azur lumineux, où nous pourrions voler, heureux, après tant d’obscure promiscuité, mais sur une poignée de tunnels ramifiés, de fissures autour de la petite caverne où, au terme d’un voyage long comme la vie, nous abandonnerions nos os en chemin, à un millimètre seulement de notre monde. » ( Mircea Cărtărescu, « L’Aile tatouée », traduit du roumain par Laure Hinckel, Denoël, 2009 ; les deux premiers tomes de la trilogie ont été traduits par Alain Paruit : Orbitor, en 1999 et L’œil en feu, en 2005.)