Veronica Buckley avait déniché en 1997 un Graal : le journal intime du Roi Soleil, Louis XIV himself. Ce « paquet de papiers jaunis, enveloppés par une chaînette et scellé à la cire rouge », fut retrouvé « au fond d'une vieille malle lourde, dans un manoir de la vallée de la Loire ». Trésor historique, témoignage invraisemblable, bref, une merveille.
Sauf que non. Louis Soleil n'a pas tenu de journal intime. Ou plutôt s'il l'a fait, personne n'est encore tombé... sur le vrai. Et la sortie de ce livre, prévue pour le 5 mai, a finalement dû être reportée pour juillet, in extremis, par l'éditeur Bloomsbury. Une perte sèche pour la maison qui, sans dévoiler ses chiffres, en aurait déjà préparé « des milliers ».
Car en fait de journal intime, il s'agit d'un manuscrit de la main de François Bluche, historien, universitaire français, spécialiste du règne solaire, qui n'a rien d'original, mais est au contraire reconstruite de toutes pièces, à partir de données historiques. Ce livre, publié en 1998, intitulé Le journal secret de Louis XIV n'avait rien de la découverte escompté.
Buckley s'est alors confondue en excuses, bien que ce retournement n'affecte « aucunement l'argument du livre ». Sauf qu'elle soulève un point auprès des universitaires, selon lesquels une telle erreur ne serait jamais arrivée voilà une trentaine d'années. Un manque cruel de recherches en archives serait à l'origine de cette confusion, qui aurait pu facilement être évitée. Et les éditeurs de se plaindre de la recrudescence des livres qui « pourraient être » de tel ou tel. « Cela se multiplie depuis des années », confie l'un d'eux.
Bloomsbury fait cependant amende honorable : « Les erreurs se produisent dans l'édition et nous détestons en faire, mais Veronica est une auteure fantastique. Son dernier livre sur Christina, la reine de Suède, a été publié et récolte les lauriers de la presse [...]. Nous avons l'intention de continuer à éditer ses livres, pour autant qu'elle les ait écrits. »