Carole Berger

Titillé ce matin sur le sujet de la bibliothèque La Fontaine, spécialisé dans la Jeunesse qui est actuellement fermée - avant sa destruction définitive - Christophe Girard, chargé de la Culture à la Ville de Paris nous en a dit un peu plus sur le devenir de l'établissement durant les travaux qui ont cours aux Halles.

Pour ceux qui n'ont pas suivi l'histoire, c'est à l'impulsion, notamment, de l'association ACCOMPLIR, que l'on a découvert que la bibliothèque serait fermée... mais surtout que rien ne serait mis en place au cours des travaux, pour compenser cette disparition. (en savoir plus) Entre 2011 et 2013, aucune bibliothèque jeunesse... cela vous gêne, M. Girard, alors que Paris en toutes lettres veut également être une manifestation jeunesse ?

Évidemment, que cela ne peut pas rester en l'état. « La bibliothèque sera bien détruite, pour laisser la place à un nouvel établissement, plus grand, mais également plus respectueux de l'environnement en termes de qualités écologiques. » D'accord, mais quid d'une hypothétique solution de remplacement ?

« Nous avons ouvert plusieurs pistes. Tout d'abord, il s'agit d'informer les habitants quand dans le quartier, à 100 m, 500m ou 1 km, il existe cinq bibliothèques dans le périmètre. Ce n'est pas rien et devrait permettre de trouver un endroit où emprunter des livres. »

Et de rappeler que l'on compte 300.000 personnes qui empruntent des ouvrages dans les 69 bibliothèques municipales de Paris.

Fort bien... mais... « Ce n'est pas tout : il se trouve un lieu, rue Berger, qui, s'il est louable [NdR : à ce moment, M. Girard se permet en digression sur le double sens de 'louable'] pourrait accueillir le fonds jeunesse. Cette solution est actuellement à l'étude. »

Les intéressés apprécieront de ne pas passer quatre ans sans bibliothèque...

fêtera en 2015 ses 15 ans ! C'est en 2000 que le premier album du mignon petit âne inventé par est paru aux éditions Gallimard jeunesse. Les ventes des albums ne cessent d'augmenter chaque  année, les plus jeunes lecteurs entre 2 et 5 ans se reconnaissent à merveille dans ce tendre petit personnage.

Quatre ans plus tard, c'est un joyeux petit dessin animé composé d'épisodes de 4 minutes chacun qui nait sur France 5. Les enfants adorent. Comme dans les albums, les traits du dessin animé respectent le dessin original de l'illustratrice. Et c'est là que le public, toujours plus nombreux, découvre les petites bêtises de Trotro et de son petit monde : Papa, Maman, Nounours, Nana et les autres.

Dés le 1er novembre, sur la scène du Théâtre des Folies Bergère à Paris et ce, jusqu'au 11 janvier 2015, Trotro sera également sur scène pour Trotro fait son cirque. Un spectacle qui mêle « drôlerie, malice et poésie ». À partir de deux ans, c'est un chouette spectacle en deux fois trente minutes.

Nous avions rencontré Bénédicte Guettier en 2010 pour le 10e anniversaire du petit âne, elle nous expliquait, non sans une certaine timidité, la naissance de ce petit personnage, mais également d'autres de sa création.

Bénédicte Guettier : Trotro, Lapou & Ciepar LesHistoiresSansFin

est auteure-illustratrice. Elle travaille régulièrement avec Cécile Roumiguière, Annie Agopian, Franck Prévot,  Seymourina Cruse, Régis Lejonc… Ses images donnent une vision très particulière de l'histoire que raconte le texte. Elles dévoilent tous les à-côtés, les détails auxquels on ne pense jamais. Ses images racontent des histoires et peuvent être aussi purement décoratives !

Carole Chaix regarde loin pour voir à travers les choses. C'est parce que, comme elle le dit, elle vient du volume.

© Carole Chaix / Val de Lire

Elle aime montrer et partager son travail, nous en dévoiler les mécaniques.

L'exposition OBJET (S) est une « carte blanche à Carole Chaix : Originaux, affiches, grands formats, carnets, créations inédites, reconstitution de l'atelier de l'artiste, esquisses, projets à venir, affiche détournée… Une installation originale créée pour l'occasion à découvrir absolument ! »

Elle a lieu du 2 au 27 mars 2016 à l'église St-Étienne à Beaugency dans le cadre du 31e Salon du Livre Jeunesse de Beaugency et Saint-Laurent-Nouan.

C'est une exposition à ne pas manquer si vous aimez l'artiste !

lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h

les samedis et dimanches de 10h à 12h30 et de 14h à 18h.

Vernissage dessiné le mercredi 9 mars à 18h30 sur le lieu de l'exposition.

Renseignements association Val de Lire 02 38 44 75 66

« Nombreuses sont les choses effrayantes, mais rien n’est plus effrayant que l’homme. » Sophocle Antigone

1er janvier 1996, peu après minuit.

La nuit alentour efface les derniers bruits, les dernières lumières du réveillon. C’est une nuit opaque, froide d’hiver d’un petit bourg à la frontière suisse.

Tout à coup, cinq coups de feu claquent, la rouge tragédie déchire le voile de scène, de brouillard et de nuit. Le petit bourg d’Ornex est devenu, dans l’ordre humain, universel.

À deux pas, dans l’obscurité d’une maison pavillonnaire, un père vient d’abattre ses deux enfants. L’arme du crime est une carabine 22 long rifle, offerte par le grand-père des enfants parce que le destin est aveugle.

Hélène est morte sur le coup ; elle avait 11 ans. Christophe mourra plus tard à l’hôpital de Genève. Il avait 12 ans.

À 250 kilomètres Carole, la mère d’Hélène et Christophe dort chez elle.

Le récit qu’elle écrira est un long cri déchirant, parfois halluciné, mais toujours d’une implacable précision. Nous assistons à une descente aux enfers dans l’unité de temps et d’action de la tragédie antique. Cette jeune femme sensible et forte est ainsi la bouche d’ombre et de soleil qui traque le malheur jusque dans les détails.

Nous ne sortons pas indemne d’une pareille lecture, mais plus avertis de notre humanité partagée. Nous défions quelque lecteur que ce soit d’abandonner cette mère en quête de résurrection jusqu’à la dernière ligne confessée.

Note de l’auteure

Le jour du drame, mon cœur s’est brisé, mais il a continué à battre.

Dans les semaines et les mois qui ont suivi l’assassinat de mes enfants, j’ai cru mourir moi aussi. D’abord sont venus la douleur et le désespoir. Puis, plus sournoisement, s’est installée en moi l’envie de rien. Sentiment confus du non-sens de la vie. Trou noir dans ma tête... Allais-je lâcher prise ? Finir mon existence comme un légume ? Je ne me le demandais même pas, trop absente pour organiser en moi-même la moindre réflexion.

Après avoir côtoyé l’enfer, une succession de hasards a produit la rencontre qui a changé mon destin. Loin des préjugés et du jugement des autres, j’ai juste décidé de conserver le sourire et l’envie de vivre pour me fondre à nouveau dans l’anonymat.

Puis peu à peu sans que je ne décide rien, tel un plongeur qui remonte à la surface, j’ai repris doucement pied dans la vie.

Surgit alors l’envie de raconter. Une envie plus forte que tout et qui s’impose à moi comme une évidence. Oui, ce drame que j’ai vécu, j’ai voulu le partager avec le plus grand nombre, pour évacuer cette peine trop longtemps contenue... en essayant de dire l’indicible. Écrire pour tourner la page de ces années de galère. Parce que je ne voulais pas seulement me soigner (soi... nier), je voulais guérir ! (gai... rire).

Il m’a fallu seize ans pour retrouver le goût, et j’ose dire, la joie de vivre ; celle qui donne l’énergie d’écrire. Pour retrouver aussi cette tranquillité, cette paix de l’esprit, sans laquelle seule la colère parle, transformant la réalité des faits et des circonstances en un cri.

Que de chemin parcouru pendant ces seize années, au cours desquelles j’ai dû réapprendre à vivre, à rire, à aimer… à apprivoiser le bonheur.

Malgré le vide immense laissé par le départ de Christophe et Hélène, c’est désormais DEVANT que je regarde, faisant mienne cette pensée de Victor Hugo : « Je préfère l’avenir au passé, car c’est là que j’ai décidé de vivre le restant de mes jours. »

Carole ROGNON