Destiné aux parents d'adolescents soucieux de savoir à quoi servent vraiment les portables de leurs enfants, cet ouvrage co-écrit par deux journalistes de l'OBS, est le résultat d'une enquête menée auprès des jeunes et enrichie par le témoignage de parents, d'enseignants mais également de psychiatres.
Volontairement ouvert et objectif, il combat les idées reçues sans atténuer les dérives et les dangers de l'utilisation des portables chez les adolescents, s'attache à décrire les multiples usages et propose également, par le biais de "conseils aux parents", des solutions pragmatiques, des recommandations éclairées pour éviter les conflits familiaux et prévenir certains dangers.
Aussi, avant de vous fâcher face à l'utilisation intempestive, voire addictive, de vos enfants vis-à-vis de leur portable, prenez le temps de cette lecture. En comblant votre méconnaissance, vous parviendrez sans doute plus aisément ensuite à comprendre leur façon de vivre et de grandir et à interagir plus subtilement avec eux.
Votre rôle de parent et les actes que vous poserez en dialoguant seront alors plus persuasifs et peut-être moins conflictuels. En tout cas, ça vaut le coup d'essayer !
En 2016, 87% des adolescents possèdent un smartphone, c’est-à-dire un téléphone portable suffisamment perfectionné pour être multifonctionnel et source d'occupation, partout et tout le temps.
A travers cet objet, et notamment via les réseaux sociaux, ils échangent avec d'autres, créent du lien, se racontent eux-mêmes, éloignés des adultes, se construisent et s'intègrent à l'intérieur de sphères sociales, communiquent en un mot (à défaut de réellement converser), partagent le moment présent et l'éphémère.
S'ils ne téléphonent plus, "les appels, c'est pour les vieux", ils discutent via les SMS ou Messenger, WhatsApp, Twitter, etc., très peu par mails (beaucoup trop lents et associés à l'école, "un truc ringard"). Messages intimes ou bavardages futiles, jusqu'aux dérives insultantes et harcelantes parfois.
"Je vis et je m'écris".
Par cet outil, les jeunes expriment ce qu'ils sont, livrent une part de leur intimité, s'exposent (d'où la nécessité de les éduquer à protéger leur vie privée) et le portable devient alors "une technologie de l'écriture de soi."
Le portable permet aussi de se divertir, notamment à travers YouTube, plateforme de vidéos, Netflix, plateforme de séries, d'écouter de la musique, en téléchargement légal ou non, de jouer (91% des 15-18 ans jouent régulièrement), d'échapper à l'ennui, d'où la difficulté à se déconnecter, même dans les zones non autorisées comme en classe. "78% des moins de 25 ans se considèrent eux-mêmes comme accros à leur smartphone, c'est-à-dire incapables de passer une heure sans le consulter".
Echappatoire, refuge, moment de détente, à l'instar du livre autrefois, le portable permet tout cela.
Souvent aussi, l'information emprunte le même canal et l'actualité passe par le téléphone. 10% seulement des 15-24 ans lisent les journaux "papier" et 77% de cette même tranche d'âge s'informent sur Internet avec le risque d'une érosion informationnelle, de désinformation, de rumeurs complotistes.
Enfin la lettre d'amour comme l'annonce de la séparation ont été remplacées par l'application Messenger et les émoji. La drague à l'heure du numérique n'échappe pas à certains dérapages et transgressions (pornographie, sextos) et le risque de banalisation dans le quotidien des adolescents ne doit pas échapper à la vigilance des adultes.
Instructif et détaillé, conciliant sauf sur la déconnexion nocturne, absolument nécessaire, les dérives pornographiques, le harcèlement, l'ouvrage invite à la discussion et à l'échange, donne des pistes pour fixer un cadre qui repose sur la confiance mutuelle, à la fois émancipateur et protecteur et peut vous aider à trouver le juste équilibre.
Même s'il ne vous empêche pas de continuer à vous interroger et à vous inquiéter sur le rapport obsessionnel qu'entretient l'adolescent avec son téléphone.
Comment lui redonner la capacité d'imaginer alors qu'il ne connait plus l'ennui, comment lui apprendre à composer avec l'attente ?
Ces réponses sont ailleurs…