Blue Daisy

Pour pouvoir apprécier à sa juste valeur ce nouveau roman traduit en français de il est sans doute préférable de le replacer dans son contexte. En effet, est le premier roman de l'auteur, paru en 1982 en Suède, avant même la série des.

Vaste roman de près de 600 pages, il trace le portrait d'une jeune femme, Eivor, née en 1941 d'une relation d'un soir entre un soldat inconnu, "un appelé, un gardien de la neutralité" et sa mère, Elna.

"Tout s'écroule"." Cette enfant non désirée enferme sa jeune mère dans une sorte de prison au sein de laquelle cette dernière construit une vie qu'elle n'a pas choisie, pleine de frustrations, de culpabilité et d'amertume, mais malgré tout, éclairée par l'amitié indéfectible, issue d'une correspondance épistolaire,  qu'elle entretient avec Vivi, l'autre Daisy sister.

Eivor, à son tour, bien consciente de ne pas occuper non plus une place de choix auprès de sa mère, grandit dans l'opposition et sur un coup de tête quitte le domicile avec un jeune délinquant, Lasse,  fils d'ivrogne dont elle ignore tout mais qui semble pouvoir lui offrir une liberté et une émancipation.

C'est sans compter la brutalité du jeune homme et  l'infortune qui vont la ramener à une existence  très difficile, pleine d'inquiétude, partagée entre l'usine de textiles d'abord puis de sidérurgie, un mari, Jacob, qu'elle épouse pour masquer une grossesse précoce, des infidélités puis une nouvelle grossesse jusqu'à son divorce à 30 ans où, loin de retrouver une réelle liberté, elle passe à côté de son épanouissement personnel, rattrapée par son passé. "Elle éprouve un grand étonnement devant la manière dont sa vie a évolué. Elle ne s'attendait pas à ça, vraiment pas."

Le principal intérêt du roman réside dans l'image de la Suède que l'auteur donne à voir, dans les différentes atmosphères qu'il dépeint avec une précision minutieuse, très réaliste. Extrêmement attentif aux changements sociétaux de l'après-guerre à une société inscrite dans un modèle social innovant et longtemps envié, Mankell, tout au long, des quarante années qu'il décrit, par de menus détails, relate l'évolution de la société suédoise à travers notamment le milieu populaire et ouvrier ou rural d'où sont issus les principaux personnages.

Ainsi, des conditions de travail en usine, des risques encourus sur la santé notamment vis-à-vis de l'amiante,  du développement des syndicats, de la place des femmes dans des milieux d'hommes et de leurs combats pour essuyer sexisme et injustice, de l'alcool qui fait des ravages ("la brutalité suédoise est sans limites et elle est presque toujours le résultat d'une consommation d'alcool") et de la drogue qui se développe dans les villes, de l'ennui des petites villes suédoises ("Hallsberg, ce trou où la vie étriquée tourne autour des trains qui arrivent et qui repartent."), d'une jeunesse perdue,  des raggare, de l'émancipation des femmes par la contraception, de l'impossibilité tenace de pouvoir mélanger les classes sociales, du développement de la formation et de l'éducation  gratuites pour tous à tous les âges de la vie ; chapitre après chapitre, image après image,  Mankell étudie les changements à travers les destins principalement féminins de ses personnages et donne à voir un pays où même un Etat providence socialement avancé ne conjure pas pour autant crise économique et désillusion populaire.

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"La vie est un effort sans fin".

Cinq longs chapitres qui s'échelonnent de 1941 à 1981, forment presque une histoire indépendante en leur corps si ce n'est que les personnages principaux les traversent et évoluent. Le lecteur regrette parfois que certains ne soient pas plus développés (Vivi par exemple ou Rune, le père d'Elna, ouvrier d'usine militant socio-démocrate ou même Elna, si secondaire derrière sa fille), que certains passages appesantissent  parfois le rythme, soient si peu crédibles, presque grotesques qu'ils ôtent à l'héroïne une part de son intérêt, la rendent agaçante par moments (cf. l'escapade sur l'île de Madère), tellement naïve et faible alors que d'un autre côté, c'est  aussi une femme courageuse qui lutte, à sa façon, pour obtenir une identité professionnelle. "Jour après jour, elle doit se bagarrer avec des décisions impossibles. Jour après jour elle doit grimper dans la cabine du pont roulant tout en sachant qu'elle ne pourra probablement pas garder son emploi encore longtemps…"

C'est ainsi inégal, pas franchement gai ni complètement désespéré pour autant. Un fatalisme ambiant semble vouloir régner sur le roman et l'imprègne d'un désenchantement perceptible, de regrets profonds.  Ne serait-ce pas d'ailleurs, un peu  la marque de fabrique de l'écrivain ?

La jeune espionne formée à l'école Devereaux, surnommée « Spy High », se là coulait douce sur les plages de Californie. Je dis bien "Se là coulait". Parce que l'époque de la couverture tranquille est finie. Finis les cours de danse donnés aux petites filles bronzées, finies les sorties en discothèque, fini le surf…

Simon, un ancien camarade de l'école d'agents secrets, vient de mourir devant sa porte, assassiné. Il a juste eu le temps de prononcer les mots « assassin nation», ce qui mit immédiatement Lori en état d'alerte. Le temps est venu pour elle d'effectuer sa première mission en solo ! Direction Las Vegas pour une enquête périlleuse sur la plus grande famille d'armuriers des Etats-Unis…

Après les six tomes de la série « Spy High », relatant les aventures de six élèves de l'école Devereaux dans les années 2060, voici le second tome d'une série parallèle, six missions solos pouvant se lire indépendamment.

Entre problèmes existentiels d'une jeune fille et mission pour sauver le président des Etats-Unis, ce roman nous entraine dans un récit palpitant et bien mené. Humour et action sont au rendez-vous de ce roman d'espionnage, pour notre plus grand bonheur !

Dans cette série : « Edward Red », « Benjamin White »

La splendeur d’un saxophone n’a pas de commune mesure : le mouvement qui associe l’instrument au musicien dévoile une complicité qui confine à la symbiose. Erik Dieter, saxophoniste précoce et génial, aura délaissé la musique pour enseigner, écrire ou la raconter. La faute à une famille qu’il a fui, pour se sauver.

Mais à la mort de sa mère, le retour dans la maison d’enfance s’accompagne de fantômes et de souvenirs… jusqu’à tomber sur une étrange photographie. Celle d’un homme, saxophone en main, relique précieusement conservée dans les affaires maternelles – et autrefois interdites.

Un mystère qui bouleverse Erik plus encore que la perte de cette mère… Qui était-ce, quels étaient ses liens avec elle.

Et pourquoi cet instrument ? Un questionnement qui vire à l’obsession, dans un roman graphique où l’horreur prend toute sa place.

Comme si la blue note avait des accents destructeurs…

13 h 13… s’il fallait retenir une seule donnée, ce serait celle-ci… l’heure où tout s’interrompt, où la pire des catastrophes prend forme, l’heure où l’humanité se retrouve totalement bouleversée face à toutes ses idées reçues. Suite à plusieurs catastrophes aériennes simultanées sur toute la surface de la Terre, chacun cherche les réponses à ses questions.

Qu’est-il arrivé ? Terrorisme ? Erreurs humaines simultanées ? Phénomène météorologique ? Aucune de ses explications ne semble viable après réflexion… que s'est-il passé ? Chacun s’interroge… alors que certains tirent profit de la situation telle une journaliste mise sous les projecteurs, certains cherchent à survivre, d’autres se trouvent complètement transformés par les évènements… mais la vérité est ailleurs… s’agit-il d’une conspiration pour la domination de la planète entière ou de l’intervention d’un acteur encore inconnu du genre humain ? Affaire à suivre.

Bercées par une dramaturgie dynamique, les images s’enchaînent avec une qualité graphique sensationnelle qui n’est pas sans rappeler certaines planches de story-board. Effet spectaculaire assuré.

La multitude des protagonistes rappelle que chacun est concerné par ses évènements qui vont changer résolument la face du monde. Une image antique s’imprime constamment sur la rétine du lecteur, une image antique, sortie d'outre-tombe quasiment perdue dans la mémoire collective… que cache-t-elle ? Elle obsède au fur à mesure des planches qui défilent, traversant mers et continents, ce qui fut et ce qui est…

Il semble que les puissants de ce monde sachent déjà ce qui se trame, mais sont eux mêmes dépassés par les évènements. De la noirceur donc, de l’anticipation, du mystère, mais aussi de l’impatience à connaître la suite de ces différentes énigmes…

Promethee, Tome 2 : Blue Beam Project publié chez Soleil, par Christophe Bec (scénario et dessins) pour 12,90 €.

Blue Exorcist est la deuxième oeuvre importante d'une jeune mangaka Kazue Kato. Sa première création, Boku to usagi, lui a tout de même valu de recevoir le prestigieux prix Tezuka alors qu'elle était âgée de 19 ans seulement. Kazue Kato était l'invitée d'honneur des éditions Kazé Manga lors de Retrouvez Blue Exorcist, tome 1, sur Comparonet

Sam ne prêche musicalement que par Fred Summer, l'icône américaine de son monde Rock and Roll. Il en connaît chaque album, chaque texte, chaque jeu de guitare. Et là, le destin tambourine à sa porte, Fred Summer vient d'emménager non loin de chez lui. Dieu aime le rock, c'est certain, pourrait il se dire, tant cette chance d'approcher cette figure importante de son adolescence est rendu possible. Engageant tout ses moyens et surmontant tous les obstacles, il finit par avoir l'opportunité de servir de guide «frenchy» pour les déplacements de la star. Les jours suivants lui permettront de connaitre la «star «en immersion» mais prudence, gare à la tasse! Fred va s'avérer être un vrai requin. Sam va connaître malgré lui l'envers du décor, lorsque le rideau tombe, un autre spectacle plus ordinaire et moins glorieux qui va sérieusement entacher l'image inaltérable de son «dieu» vivant.

Ce roman illustre les deux pans d'un même médaillon et le ton populaire de Sam donne un aspect familier dans lequel chacun se retrouvera parfaitement. On comprend son engouement et sa déception. est l'expérience extraordinaire d'un adolescent dont l'opportunité est de rencontrer son idole. Il dégage les ambivalences du fan et celles de l'idole, celui qui admire et qui aime sans concessions, celui qui donne à son public et se laisse emporter par son succès. Deux points intéressants où chacun d'eux se trouvent déconnecté de la réalité, emporté par sa réalité.

Lucy fait des cauchemars. Des cauchemars si terrifiants que la jeune fille se réveille trempée au matin… Et quoi de plus humiliant que de faire pipi au lit, quand on est au lycée, et qu'on partage une chambre avec sa meilleure amie? Pour se protéger de ces rêves prémonitoires, Lucy pratique la magie et grave des bougies, brûle des herbes et fait des incantations. Mais nuit après nuit, l'angoisse monte: les cauchemars concernent son amie Drea. Lucy sait que la mort se rapproche, mais elle ignore comment sauver son amie. Par le passé, elle a échoué une fois déjà à sauver une fillette… Alors quand Drea commence à recevoir les appels téléphoniques d'un détraqué, Lucy panique.

L'ambiance de est réellement angoissante, et le lecteur, pris au piège par la panique de la jeune narratrice, se questionne jusqu'au bout sur l'identité du psychopathe. Le suspense mis en place par est oppressant: un thriller fantastique efficace. Trois autres tomes suivent.

Lou est un collégien dont les parents séparés ont chacun refait leur vie. Sa mère, trop occupée à gérer ses deux demi-sœurs ne s'occupe plus de lui. Quant à son père, il vit avec une femme bien plus jeune qui n'y connaît rien en adolescent. De plus, il vient de déménager et arrive dans un collège où l'intégration n'est pas des plus simples.

Chaque matin, il s'arrête devant un vieux musicien, qui joue du saxo à merveille. Une connivence s'établit petit à petit entre eux, et ils sympathisent. Dexter est jazzman et vit dans la rue. Mais d'autres éléments restent plus sombres. Notamment quand le musicien lui confie un petit instrument et lui demande de bien le garder pour lui «au cas où il arriverait quelque chose…». Parallèlement, Lou fait la rencontre d'un groupe, «les chics types». Il décide de leur présenter Dexter, l'amour de la musique va les rassembler et les enrichir les uns les autres.

Des liens vont se nouer, les personnages vont apprendre à se connaître, mais que cache Dexter? Qui est-il vraiment? Voilà tout ce que Lou va découvrir, et bien plus encore…

est un roman unique. Il est en effet le premier livre qui permet l'écoute gratuite des chansons qui rythment sa lecture par le biais de codes à flasher avec un Smartphone ou une tablette tactile. La bande originale est signée par le groupe , le même groupe quiapparaîtdans le livre. Le tout se transforme en boîte à musique: pari audacieux, mais Ô combien réussi!

Maryvonne Rippert (après le succès de Métal Mélodie) nous livre un roman absolument incroyable. Une histoire humaine qui donne la part belle àla tolérance et au partage.La musique devient un personnage à part entière qui unit et réconcilie. Grâce à son style, Maryvonne Rippert va plus loin et se sert de cette base pour poser une réflexion plus profonde. Son roman lui permet même d'évoquer tout en subtilité le drame de Katrina. Un roman à mettre entre toutes les mains et à savourer avec l'album des Chics types.

Pour poursuivre la découverte :

Le site web du roman : http://www.alabamablues.fr/
Le site web des Chics types : http://www.chicstypes.fr/

Critique de AntineaMCS, originellement publiée sur Babelio, partenaire de l'opération.

#PrixPorteDoree23 – Une lecture dont on ne sort pas indemne. Bleu nuit est la couleur du ciel et de la mer du Liban, ce Liban qui hante le narrateur, celui de son enfance, de sa mère, de la guerre. Le lecteur le comprend à la toute fin du livre et peut rassembler, un à un, les fragments épars dans les différents chapitres pour prendre la mesure de toute sa vie de souffrance.

Le monologue de celui qui se dit un « homme foutu » nous le montre d'abord enfermé dans son appartement parisien, puis vivant à la rue, dans un périmètre autour du cimetière du Père Lachaise.

Mais ces quelques lignes ne rendent pas compte de l'originalité de ce deuxième roman de Dima Abdallah, de la sensibilité de son écriture, de l'humanité des personnages qu'elle nous permet de rencontrer, des moments tous simples de bonheur d'une vie qu'elle nous fait vivre.

Ce roman est aussi celui des rues de Paris aux noms évocateurs (rue du Repos, rue des Partants, rue du Retrait, etc.) qui résonnent de manière particulière dans la vie du narrateur, celui des odeurs et des couleurs qui le et nous submergent, des citations d'auteurs (Aragon, Céline, Gary, Duras, etc.) avec lesquels il dialogue.

Le roman est sélectionné dans le cadre du Prix de la Porte dorée 2023.

#PrixFrontieres23 – « Un homme foutu » : c'est comme ça qu'il se décrit. Un ancien journaliste vit cloîtré dans son appartement parisien depuis des années avec presque aucun contact avec le monde extérieur.

Un jour, un appel téléphonique fait basculer sa vie. La femme qu'il aimait, Alma, est décédée. Un choc pour lui qui se prépare pour aller à l'enterrement s'en jamais y assister. À la place, il prend un sac à dos, quelques affaires et sort de chez lui avant de jeter ses clefs dans une bouche d'égout.

Sortir de cet appartement, sortir de cette routine insupportable... sortir dans la rue qui devient petit à petit son domicile, changeant d'endroit tous les jours. Il gambade dans la ville en évitant seulement son ancien chez-soi. Il a quelques brefs échanges avec des femmes qui lui font penser à Alma...

Les souvenirs le hantent et ses fantômes qu'il essayait de fuir et de semer le rattrapent. En allant de l'autre côté de la méditerranée, en quittant le Liban, il voulait se débarrasser de tout son passé et de toutes ses souffrances.

Bleu nuit est la couleur du ciel et de la mer du Liban. Et c'est ce même Liban qui hante le narrateur, qui lui rappelle son enfance, sa mère et la guerre.