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Benoît Hopquin

Extraits

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Littérature française

Le Soldat perdu de Jeanne Bonheur

"Quand la gamine partait de son rire cristallin, les yeux scintillants, à la fin d'un récit, ça lui faisait du bien, à Anselme. C'étaient des compresses de joie, un cataplasme de bonheur sur son propre désespoir. Il coupait toujours au moment du départ au front. "Et puis, on a été mobilisés et on est partis." Voilà le plus loin où il allait. Il respirait un grand coup. Les mots ne venaient plus. Source tarie. Le silence reprenait ses droits dans la salle, tout épais, tout visqueux. Jeanne butait ainsi chaque fois aux portes du malheur." La gamine, c'est Jeanne Bonheur : une jeune fille intrépide qui n'accepte pas le mystère entourant la mort de son père Léonce, disparu pendant la Grande Guerre. Vingt ans après, avec Anselme et Clovis, les amis d'enfance et compagnons d'arme de Léonce, paysans du même village, Jeanne part sur ses traces le long de la ligne de front. A l'issue d'une épopée rocambolesque, elle retrouvera le soldat perdu et renouera avec lui de la plus tendre et étrange des manières.

05/2025

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Rugby

Faire le soleil

La coupe du monde de rugby approche. Je l'attends comme un nouveau combat à l'issue aussi incertaine que tous ceux menés jusqu'alors. Je la conçois surtout comme un nouveau cadeau que m'offre le rugby. Si j'ai écrit ces lignes, c'est d'abord pour honorer le sport qui m'a formé. Mon livre est avant tout un hymne au ballon ovale dont la trajectoire capricieuse a modelé ma vie. Il est fait du souvenir des amitiés rudes mais sincères rencontrées sur les terrains. Il est une prière à Dieu qui m'a façonné ce destin privilégié. Il est l'hommage du petit Camerounais qui a débarqué un jour dans un stade de la banlieue parisienne pour apprendre les premiers rudiments du placage, cet art qui me vaut aujourd'hui le respect sur les terrains. Plus tard, mon ambition sportive m'a conduit par hasard au Pays Basque, où j'ai découvert l'amour fou des habitants pour le rugby. J'ai été si bien accueilli que je n'envisage plus de partir. Et un jour on m'a tendu le maillot de l'équipe de France : j'ai pleuré de joie. Sous ce maillot, j'ai vécu bien des tumultes, des déceptions, des colères, des bonheurs. Yaoundé, Clichy, Biarritz, Twickenham, Soweto, Buenos Aires ; les images se bousculent, me mettent la tête à l'envers comme à ces adversaires à qui je fais faire le soleil. Et me laissent ce sentiment d'avoir déjà vécu mille vies grâce au rugby.

09/2003

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Résistance

Nous n'étions pas des héros

Il y a soixante-dix ans, en 1944, la France libérée a voulu en faire des héros pour mieux se racheter de ses lâchetés. Ils étaient Résistants, soldats de la 2e DB, officiers de la Légion étrangère ou pilotes de chasse. Ils étaient la France combattante. Ils étaient les Compagnons de la Libération. En juin 1940, ils étaient parias. Alors que la France était abasourdie, tétanisée par sa défaite, que la plupart des vaincus acceptaient cette fatalité et entraient dans les dispositions d'esprit et les petits arrangements de l'Occupation ("Les premiers agenouillements et les premiers reniements", écrira Jean-Louis Crémieux-Brilhac), ils ont tout de suite refusé ce que chacun disait inéluctable. Tandis que la France remettait son destin entre les mains de Pétain, eux ont choisi de poursuivre la lutte. Ils ont trouvé un bateau pour Londres et se sont ralliés à un obscur général, un certain Charles de Gaulle, ou bien se sont réfugiés dans la clandestinité. Ils n'étaient qu'une poignée. François Jacob, Daniel Cordier, Hubert Germain et dix autres Compagnons racontent le contexte de leur engagement et leurs parcours, en humbles figurants de la grande histoire qui se jouait. Mais à travers ces récits simples, sans gloriole, se dessine par kaléidoscope une fresque de la France libre, de Bir Hakeim à la libération de Strasbourg. On y voyage de Londres à Tunis, de Damas à Mourmansk. On y croise les figures de Leclerc, Koenig, Jean Moulin et De Gaulle bien sûr. On y évoque le Débarquement ou l'insurrection de Paris. Ces hommes décrivent aussi leur vie quotidienne, le rôle des troupes "coloniales" ou les conflits avec les soldats vichystes qui n'en démordaient pas. Ils parlent de leurs copains morts sur le champ de bataille ou en déportation. Ils expliquent aussi sans fard leurs joies et leurs déceptions une fois revenus en France, leur difficulté à se réadapter dans une société qui avait retrouvé ses habitudes. Finalement, se dessinent des histoires de gens ordinaires qui ont fait le bon choix et, pour cela, ont ensuite été plongés dans des destins extraordinaires. "Nous ne sommes pas des héros", disent-ils. "C'était une évidence", expliquent-ils à l'unisson. Pas tant que ça puisqu'ils étaient si peu nombreux.

04/2014

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