La philosophie appréhendée par la très grosse tête artiste Michel Foucault, passe toujours par des phases historiques : d’abord le philosophe guérissait les âmes, interprétait les rêves, et cherchait à nous réveiller de notre oubli. Puis la révolution cartésienne et son « discours vrai », et depuis Nietzsche ? Plus récemment encore ? –, la philosophie a reçu en partage une tâche qui ne lui était point jusqu’ici familière : « Celle de diagnostiquer et de prophétiser l’instant. »
« Je, ici, à présent », voici l'exigence de la philosophie moderne. On ne parle plus de Vérité, d’Âme, de Monde, du Bien, du Mal, mais de la vie : d’abord, ce fut l’Histoire, la tragédie, puis le baroque allemand comme chez Benjamin, les archives des hôpitaux psychiatriques pour Foucault, et aujourd’hui TikTok, instagram… On découvre le visible. Le « maintenant » du discours quotidien face aux discours scientifique et littéraire, affranchis de ce maintenant.
Fini les lois universelles, les grandes idées, aucune instance extra-historique : la subjectivité, la volonté de puissance derrière toute utilisation du mot « vérité », sont démasquées. Tout est expérience, rapport à, dynamique, langage. Michel Foucault, intégrant ce constat, proposera des histoires de.
Dans un entretien réalisé au Japon en avril 1978, Foucault soutient que Friedrich Nietzsche est le premier à définir la philosophie comme « l’activité qui sert à savoir ce qui se passe et ce qui se passe maintenant », en attribuant donc au philosophe le rôle de « diagnosticien » de l’actualité. Son époque est celle de Roland Barthes qui argumente sur le catch ou Georges Perec qui décrit des recettes de cuisine.
Ce texte inédit a été exhumé des 28.000 pages du fonds Foucault acquis par la BnF en 2013. Devrait arriver prochainement, entre autres, une édition des cours sur Nietzsche qu’il donna à Vincennes avant de passer au Collège de France.