Un premier roman édité est une véritable aventure. Il n'y a pas une seule manière d'en parler. Chaque auteur a connu quelque chose de différent, une histoire semée d'embuches qui n'est jamais la même…
Nous commençons, et ce toutes les deux semaines, une série de témoignages ou plutôt, nous recommençons.
L'idée avait germé en avril 2011 et nous avions débuté par l'expérience de qui, à l'époque venait de faire paraître LesYeux d'Opale chez Gallimard jeunesse. C'est l'histoire de son premier livre publié.
« Écrire un roman, c'est bien, mais le faire partager, c'est mieux. Chercher un éditeur pour mon livre, Les yeux d'Opale, fut une décision naturelle pour moi. J'avais apposé le mot « fin » depuis plusieurs mois sur le texte, fais relire à plusieurs amis et corrigé jusqu'à plus soif les quelques un million deux cent milles signes qui le composaient et, honnêtement, je ne pouvais plus voir ces mots, mes propres mots, en peinture. J'avais à présent besoin de savoir si ces lignes douloureusement écrites pourraient plaire à un professionnel de l'édition.
Je me suis rendue au salon du livre de Paris, histoire de tâter le terrain, de voir quels éditeurs pourraient être intéressés par cet univers de Science Fiction et de Fantasy que j'avais bâti. Ce fut très instructif. Avec les informations récoltées en poche, j'ai envoyé mon manuscrit à cinq éditeurs et les deux premiers chapitres à un autre, par mail. Ce fut ce dernier qui me répondit « non » le premier. Je m'attendais à une longue attente, quand à peine trois semaines plus tard, j'eus la surprise de recevoir un coup de téléphone de Gilles Dumay de Lunes d'Encre chez Denoël.
Ce que j'avais écrit lui plaisait, imaginez les battements de mon cœur, mais l'ensemble lui paraissait trop jeunesse pour sa collection. Il me demandait la permission de transmettre mon roman à Gallimard Jeunesse. J'apprenais par la même occasion que Gallimard Jeunesse et Denoël faisaient partie du même groupe. Bien sûr, je répondis « Oui ! » et me préparais à nouveau à une longue attente. Deux semaines plus tard, mon téléphone sonna. Gallimard Jeunesse à l'autre bout du fil me demandant si mon roman était toujours disponible pour l'édition. Un des membres de leur comité de lecture avait apprécié mon livre. On me précisa qu'il me faudrait attendre deux autres avis pour avoir une réponse définitive. Attendre…
Cela me fit sourire et, persuadée d'obtenir une réponse rapide, je fis le pied de grue devant le téléphone. Six mois plus tard, n'ayant eu aucune nouvelle des maisons d'édition contactées, je pris le parti pris d'appeler. C'est là que j'appris que Les yeux d'Opaleétait refusé par Gallimard Jeunesse car trop adulte. Je n'avais pas reçu la lettre. La responsable des manuscrits en prenant connaissance des deux fiches de lecture dont j'avais demandé le contenu me proposa une troisième lecture. J'acceptais. Qu'avais-je à perdre ? Mon roman était de toutes manières refusé. Autant savoir comment l'améliorer et pour cela j'avais besoin du plus grand nombre de retours possibles. Quelques mois plus tard, de nouveau sans nouvelles, je rappelais. Mon roman avait reçu un nouveau excellent retour et était entre les mains de l'éditrice. Je devins fébrile. Deux mois supplémentaires passèrent, agrémentés de quelques coups de fil de ma part, et puis, un jour, la sonnerie du téléphone.
Catherine Bon, l'éditrice de Gallimard Jeunesse, me parle en termes chaleureux de mon roman et, toujours persuadée qu'il va être refusé, j'attends le « mais… ». Il ne viendra jamais. Gallimard Jeunessea décidé d'éditer Les yeux d'Opale. Je ne réalise qu'au moment de prendre rendez-vous et c'est avec des trémolos dans la voix que je raccroche, avant de sauter partout. Ça fait cet effet là quand votre rêve se réalise… »
Bénédicte Taffin,
avril 2011