Berlin accueille cet été la finale de l’Euro de foot 2024, Paris les Jeux Olympiques. Événement planétaire pour la seigneurie d’Anne Hidalgo. La collection la plus réussie de l’univers, on ne le répètera jamais assez, Bouquins, propose à l’occasion de cette saison du sport, une anthologie littéraire de la pratique physique, comme un hommage du vice à la vertu…
170 textes sélectionnés par un homme complet : en même temps qu’écrivain, éditeur et ancien chargé de recherche à la BnF, Denis Gombert est un pratiquant et instructeur du noble art, la boxe anglaise. Écrire ou combattre sur le ring, l'ambition est la même : savoir danser.
Reste que l’érudition de celui qui porte cet ouvrage est ici des plus précieuses. Il convoque Norbert Elias, l'helléniste Marcel Berger ou le philosophe Michel Serres, pour louer les vertus du sport, et propose une histoire d’un terme neuf, pour une pratique des plus anciennes.
Nul professeur assis ne m'apprit le travail productif, le seul qui vaille, alors que mes maîtres de gymnastique, mes entraîneurs et, plus tard, mes guides en ont inscrit les conditions dans mes muscles et mes os. Ils enseignent ce que peut le corps.
- Variations sur le corps, de Michel Serres
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Une précieuse anthologie par son étendue - de l’Antiquité de Gilgamesh, Homère et Virgile, et son amour des nobles corps, jusqu’au Tour de France du nécéssaire Antoine Blondin, en passant par le Moyen-Âge ou la moderne médiatisation des disciplines sportives -. Mais aussi par le choix des textes, de la prose à la poésie des amoureux du sport au verbe haut.
Le savant Eginhard qui dresse un portrait sportif de Charlemagne, Jean-Jacques Rousseau qui préconise le jeu et l'activité physique dans le développement de l’enfant, « une philosophie du grand air ». Gustave Flaubert qui met en scène, non sans ironie, ses deux héros Bouvard et Pécuchet en pleine gymnastique, le quelque peu oublié Paul Bourget qui s’étonne des « sports en Amérique ». Même le nationaliste Paul Déroulède qui trouve dans le sport un moyen de favoriser la revanche sur la défaite de Sedan, le fameux Pierre de Coubertin, père des JO modernes, Pasolini le poète du foot, le grand critique cinéma Serge Daney qui partage son amour du tennis, ou Cécile Coulon qui interroge la relation entre le sport et la fiction.
Un riche volume de plus de 700 pages, entre santé, développement physique et mental, dimension esthétique, fierté nationale, dimension économique, sociale ou culturelle, et finalement, une seule grande question : comment écrire sur l’art de Maradona, Mohamed Ali, Novak Djokovic, Ayrton Senna, Fausto Coppi ou Usain Bolt.