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Auxeméry, H.D.

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Hélène en Egypte

H. D. (Hilda Doolittle, 1886-1961) est une des figures les plus fasci-nantes de la poésie américaine. Adoubée en tant qu' "Imagiste" au début du XXe siècle sous son pseudonyme par Ezra Pound, elle sut trouver sa propre voie, en une époque tourmentée. Hélène en Egypte est le dernier poème de H. D. , celui du bilan d'une destinée singulière, aux épisodes dramatiques aboutissant à une sorte de "joie ardente" , celle de la consumation de soi au brasier de l'amour, destruction et régénérescence permanentes à laquelle l'oeuvre en chantier ininterrompu permet d'accéder. Ce poème tient de la tragédie antique où les protagonistes prennent successivement la parole. H. D. se regarde écrire ce que sa vie lui a donné à vivre - des êtres fabuleux à croiser et à sonder, des actes à entendre en leurs résonances intimes, des symboles - images, mots, sons permettant d'établir la communication entre les êtres et les actes, entre affect et entendement -, correspondances à établir afin que la clarté advienne. Outre la fréquentation de poètes et d'écrivains majeurs de son temps (Pound, D. H. Lawrence, W. C. Williams), H. D. s'est nourrie de la lecture des Anciens (Euripide, Théocrite). Hélène en Egypte, poème du lyrisme magique, est conçu comme un dialogue avec ce qui dans les profondeurs de soi aura permis l'accomplissement ultime : celle qui énonce le chant est le double de celle qui se confronte aux personnages qui ont été au centre de gravité de sa destinée. Les parties chantées alternent en continu avec la narration : le poème devient une chambre d'échos où les voix se répondent. Cette éditions comprend un copieux extrait du Livre de H. D. , par Robert Duncan et H. D. ainsi que Eléments d'une biographie spectrale, par Auxemery, traducteur et préfacier de cet ensemble.

04/2022

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Les boeufs du soleil

Il est dix heures du soir, le 16 juin 1904. Nous sommes à la maternité de Holles Street, à Dublin : Léopold Bloom rend visite à Mme Purefoy, qui est sur le point d'accoucher. On retrouve Stephen Dedalus ainsi que Buck Mulligan, entre autres carabins adorateurs de la dive bouteille. Nous voici dans la plus folle des dix-huit sections d'Ulysse de James Joyce : ce qui se joue dans ce passage relativement autonome (à travers une reprise drolatique de l'épisode des Boeufs d'Hélios de l'Odyssée), n'est rien de moins que l'incarnation sensible de l'anglais en la totalité de ses métamorphoses historiques. Nous assistons en effet à une véritable maturation qui traverse le moyen anglais, passe par le parler fleuri des faubourgs, pour aboutir à l'argot le plus haut en couleurs. On ne voit pas gageure plus grande, texte plus impossible à rendre en français. En 2004, c'est d'ailleurs le seul chapitre de la nouvelle édition d'Ulysse qui n'ait pas fait l'objet d'une nouvelle traduction, après la version de 1929 qui avait reçu l'aval de Joyce. C'était sans compter sur l'audace et la virtuosité d'Auxeméry (lui-même poète, mais aussi traducteur de Pound, H.D., Catulle ou Reznikoff), qui nous offre ici une version des Boeufs du Soleil aussi puissamment jubilatoire que l'originale.

01/2022