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Armand Farrachi

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Sociologie

Petit lexique d'optimisme officiel. Comprenant syndromes, paradoxes, directives, faux amis et autres notions obligatoirement positives

Ne dites pas " précarité ", dites " flexibilité ". Ne dites pas " antitechnicien ", dites " obscurantiste ". Ne dites pas " réforme ", dites " modernisation ". Ne dites pas " empoisonner " ni " polluer ", dites " fertiliser ". Nier l'évidence, rassurer à tout prix, même et surtout quand l'incendie fait rage, tel semble être l'objectif du pouvoir et des " communicants " face aux questions soulevées par des situations ou des risques de plus en plus inquiétants. En particulier dans le domaine sensible de l'" environnement ", la réponse est toujours la même : tout va bien, les mauvais signes apparents sont trompeurs, anodins, inexistants. Dans un monde où les paysans sont devenus " exploitants agricoles " et les patrons " entrepreneurs ", où la charité se déguise en " action humanitaire ", où derrière un " plan social " se cache un licenciement massif, ce Petit lexique nous aide à saisir comment la sémantique officielle s'applique à ne pas voir la réalité, à minimiser les périls, à désigner en termes positifs les phénomènes qui le sont le moins. Il relève à la fois les " faux amis " et les paradoxes qui signifient autre chose que ce qu'ils désignent, voire le contraire (abondance, liberté, croissance, bonne nouvelle...), les conduites aberrantes constituées en véritables syndromes (de l'autruche, du Père Noël...) ou en directives (s'obstiner dans l'erreur, jouer avec le feu...) et la contamination du langage par l'économisme (gérer ses relations, optimiser...). L'" élimination des mots indésirables " (et donc des concepts interdits) que craignait Orwell est-elle en train de triompher ?

01/2007

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Beaux arts

Michel-Ange face aux murs

Il fallait peindre, et peindre encore, jusqu'à la nausée, peindre dans l'inconfort de postures forcées, peindre debout, assis, agenouillé ou accroupi, raidi par l'immobilité, muscles contraints, tête baissée, ou se tenir longtemps couché, le nez dans le plâtre et les couleurs délayées, en fermant les paupières contre les projections, de même qu'en sculptant contre les éclats du marbre, et lorsqu'il se redressait pour essuyer les brosses, une si rude fatigue accablait ses muscles et lui serrait les os qu'il avançait bossu, nuque torse, vertèbres jointes et, plein de tourment, s'accrochait un instant à la rambarde avant de se risquer sur une échelle, doutant s'il pourrait redescendre sans être précipité au sol, et si ce vertige lui venait de l'étourdissement des sens ou de la tentation du vide.

11/2010

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Animaux, nature

Folie de champignons !

Quand les sous-bois tièdes et humides deviennent odorants, le Périgord tout entier bascule dans une drôle de frénésie. Dès le petit matin, jeunes et vieux, riches et pauvres, tous se mettent à parcourir fiévreusement la forêt, en quête de cèpes ou de girolles. Et, pour rien au monde, on ne partagerait ses "? coins ? ". Pratique ancestrale, la cueillette suscite une excitation primitive, sauvage. La pensée divague paisiblement, les jambes ne fatiguent pas, les sens sont en alerte. Eveillés, le corps et l'esprit gambadent à l'unisson. Les ?? affres de la modernité, son stress et ses absurdités, s'effacent miraculeusement devant l'image mentale du ?? champignon. Forme de vie mystérieuse, distincte des animaux et des végétaux, le règne des mycètes dévoile peu à peu les secrets de leur symbiose avec les arbres. Couleurs, formes, textures, odeurs varient à l'infini. Leur étude patiente accroit le mystère plutôt que de l'abolir, à l'image des lichens -? à la fois algues et champignons ? - dont les hiéroglyphes ne cessent de fasciner. L'examen des archives signale la consommation ancienne des meilleures variétés comestibles, de la table paysanne à la gastronomie la plus raffinée. Dans les documents, on devine aussi parfois un usage coupable des vénéneux. Ainsi, bolets, rosés des prés et savoureuses oronges des Césars côtoient parfois dangereusement les amanites phalloïdes. Une petite filière économique se met progressivement en place ?? : ?? vente directe sur marchés contrôlés, conserveries, labels... ? Certains préconisent même une gestion des forêts propice à la production durable de cèpes. Aux côtés de la châtaigne et du foie gras, les champignons constituent désormais une part précieuse de notre identité culinaire. L'imaginaire périgourdin s'en est largement emparé à travers contes occitans, poésies, anciennes fables ou récits d'aujourd'hui... Surgies du tapis de feuilles mortes, les petites têtes nous ramènent joyeusement à la magie des lieux et à la puissance de la vie. Romain Bondonneau

10/2020

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Philosophie

Rousseau ou l'état sauvage

Jean-Jacques Rousseau n'est pas seulement le premier écrivain à revendiquer le malheur d'écrire. Contre l'hégémonie de la culture, de la science et de la technique, contre la destruction de la nature, contre la société du spectacle et de la consommation, il prend le parti de la sauvagerie, c'est-à-dire de la liberté absolue quitte à passer pour fou plutôt que pour complice. L'optimisme des Lumières aboutit aux impasses du XXe siècle, il fallait une lecture radicalement moderne de Rousseau pour qu'il reste le fondateur de la sensibilité et de la pensée actuelles. Par ses refus autant que par ses choix, par sa pensée toujours libre et jamais domestiquée, par ses mœurs farouches, sa nature solitaire, par son rejet de la civilisation et de la culture, autant que par sa défense du primitif, Rousseau est bien un sauvage, dans tous les sens du terme.

01/1997

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Littérature française

La tectonique des nuages

Les essais et le journal qui composent La Tectonique des nuages forment un guide invitant au simple usage du monde, Où l'amour de la nature coïncide avec l'amour de la littérature. Aussi librement que des nuages poussés par le vent, souvenirs, expériences, voyages, lectures conduisent à une quête de sagesse, dans le monde sauvage (à la recherche des ours), dans les livres (avec Montaigne), ou dans le métro. Diverses anecdotes posent avec humour de graves questions, comme la présence des morts, l'origine des idées ou la nostalgie des révolutions. Par l'acuité de la vision et l'élégance du style, l'auteur nous entraîne dans un monde où l'intime rejoint l'universel, à l'exemple des "essais", "promenades", "rêveries" ou "propos" dont de grands écrivains ont enrichi notre littérature.

03/2017

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Faits de société

Les poules préfèrent les cages. Bien-être industriel et dictature technologique

A en croire la science et l'économie, notre bien-être n'a pas à être défini par nous-mêmes en fonction de nos besoins ou de nos rêves, mais selon les nécessités de l'industrie et des marchés. Il y a quelques années, une étude "scientifique" sur le comportement des poules élevées en batterie concluait qu'elles n'étaient pas gênées par leur cage, mais s'y trouvaient au contraire plus en sécurité qu'ailleurs. De là à prétendre que les poules préfèrent les cages, il n'y a qu'un pas. Selon la même logique, scientifiques et industriels pourraient tout aussi bien affirmer que les veaux préfèrent l'obscurité, les otaries les cirques, les indiens les réserves, ou que les êtres humains apprécient d'être dépossédés de tout pouvoir politique dans un environnement en perpétuelle dévastation.

03/2023

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