Le Japon, depuis les temps lointains du Man-yoshu, première des anthologies de la poésie japonaise du début du Xe siècle, accueille le Tanka, cet art du poème (très) court.
Le Tanka s'étend au-delà de la concision du haïku : trente et une syllabes, structurées en cinq lignes, avec un schéma de 5-7-5-7-7 syllabes, et l'ambition de capturer l'essence d'une l'émotion, de la nature. Un art poétique qui invite à une méditation sur l'éphémère de la vie.
On connaît mieux ici les haïkus et ses maîtres : Matsuo Bashō, Buson et Issa. Avant cette trinité, le plus glorieux des poètes du Japon est Satô Norikiyo du XIIe siècle. Pour Bashō, c'est un maître.
Dans le Jojuri, l'auteur anonyme du XVIe siècle est formel : c'est « le plus grand des poètes du Japon ». À l'âge de 22 ans, Satô Norikiyo délaisse son existence de garde impérial ainsi que sa fortune, sa conjointe et sa fille de quatre ans, pour embrasser la vie monastique et s'isoler dans les montagnes. Il adopte alors le nom de Saigyô.
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Écrite cinquante ans après sa disparition, et initialement publiée en 1646, sa biographie n'est rééditée qu'en 1981, agrémentée de poèmes choisis issus du Sankashû et du Shin Kokinshû. L'enfant de guerriers, d'une famille proche de la Cour impériale, devient un moine-poète vagabond, jusqu'à son décès en 1190 dans un monastère de Kawachi.
Ce récit, d'après l'éminent connaisseur du japonais ancien, René Sieffert, ressemble plus à une Vie de Saint à l'Occidental qu'une biographie rigoureuse à la Jean Tulard, autre Occident. Peu importe, beaucoup d'extraits de la poésie du maître, et une petite entrée dans ce XIIe siècle nippon, et son bouddhisme teinté de zen.
Rejeter les obligations pour entrer dans le non agir, et dans la Voie de l'Éveil. Il en est capable, ayant véritablement renoncé à quelque chose d'important, d'enviable.
Quelques milliers de Waka écrits, la lune en majesté, et la réputation d'un vénérable : « Sans raison aucune / les feuilles d’arbres qui tombent / au souffle du vent / sauraient-elles la direction /vers laquelle il les emporte. »
« Si las d’habiter / céans à nouveau je dois / m’en aller ailleurs / le pin assurément / va se sentir solitaire. »