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Alexis Fontbonne

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Histoire social de l'esprit saint en Occident

Si Dieu n'est pas un objet de l'histoire, c'est en revanche le cas des propositions discursives mentionnant la divinité. La référence à l'Esprit circule au sein du monde médiéval et c'est de l'étude de ce processus qu'il est possible de tirer une histoire sociale de la troisième personne de la Trinité. Le présent volume s'attache à relier la théologie et les pratiques quotidiennes des laïcs, la suite de l'enquête abordera les liens entre la notion d'homme spirituel et l'Eglise comme institution bureaucratique. Dans ces pages, il s'agit de comprendre comment, entre 1150 et 1250, des débats théologiques autour du lien entre Esprit et amour dialoguent avec l'ordinaire de la vie médiévale, avec les pratiques charitables quotidiennes des laïcs. Un testament forézien devient alors le témoin de réflexions scolastiques antérieures d'un siècle et les premières des confréries du Saint-Esprit sont placées dans la continuité des conceptions ecclésiologiques contemporaines. Née d'une réflexion ecclésiologique offrant aux laïcs la possibilité d'être inspirés sans menacer le monopole ecclésiastique de la prédication, l'association entre l'Esprit et la pratique charitable se transforme en voyageant et passe d'une inspiration encadrée des laïcs à l'élément fondateur d'une notabilité apostolique, légitime à intervenir dans l'économie du salut. La constitution de la religion civique et du bien public, en partie issue de ce processus, comme sphère légitime d'activité des élites laïques, mène paradoxalement à la disparition progressive de la référence à l'Esprit dans les oeuvres de charité. L'amplitude chronologique du Moyen Age offre ainsi la possibilité de décrire toute l'histoire d'un fait social, l'association étroite et explicite entre charité divine et charité humaine, de sa naissance à sa fin.

11/2020

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Moyen Age

Les fondements charismatiques de la bureaucratie

Dans l'Eglise du Moyen Age central, l'inspiration charismatique n'est pas antinomique de la bureaucratisation : elle en est la condition nécessaire. C'est ce que montre cette étude des mobilisations ecclésiologiques de la référence à l'Esprit. Loin d'oublier l'Esprit dans la routine d'une bureaucratie sans âme, les agents de l'institution de l'appareil ecclésial sont les premiers à y faire référence pour opérer, à partir du milieu du XIe siècle, une centralisation pontificale des différentes tendances réformatrices. La monopolisation pontificale de la référence légitime à l'Esprit permet à la fois d'affirmer l'autonomie – la théonomie – de l'appareil ecclésial et d'en suspendre les règles ordinaires. L'appropriation de ce discours ecclésiologique par les chroniqueurs et réformateurs du XIIe siècle va conduire à une nouvelle perception de l'histoire, fondée sur l'idée d'un progrès inspiré et mené par des hommes spirituels. Moines charismatiques et administrateurs peuvent ainsi s'associer autour du fragile malentendu d'une institution spirituelle. Lorsque celui-ci se délite, les discours prophétiques en font l'aune à laquelle juger le présent ou un projet d'avenir. Au cours des XIIIe et XIVe siècles, ce modèle d'une bureaucratie charismatique se dissocie en conceptions antagonistes de la référence à l'Esprit : un usage intégré dans les rouages de l'administration, qui n'apparaît explicitement que dans les périodes de crise, et une référence de plus en plus eschatologique visant à condamner tous ceux qui persécutent les "spirituels".

11/2024

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Ouvrages généraux et thématiqu

Introduction à la sociologie médiévale

La sociologie a fait un usage privilégié du Moyen Age pour se constituer en discipline autonome. Auguste Comte, Emile Durkheim, Max Weber, et plus tard Pierre Bourdieu ont ainsi pensé les transformations des sociétés contemporaines depuis la distance offerte par cette période et forgé des concepts à valeur générale comme le charisme, la rationalisation ou l'habitus. Les médiévistes ont pu à leur tour s'en emparer et les mobiliser. Mais le dialogue, déjà fécond, entre histoire et sociologie n'est pas sans poser de difficultés, notamment parce que certaines notions se fondent sur un Moyen Age qui n'existe plus, tant les représentations et connaissances sur cette période ont évolué au cours du dernier siècle. Alexis Fontbonne propose ici de faire revenir la sociologie à l'étude du Moyen Age, afin de poser les bases d'une véritable sociologie médiévale. S'appuyant sur les derniers travaux de la médiévistique, il présente une démarche, qui, à partir d'outils et de déconstructions critiques, devrait permettre une meilleure compréhension des pratiques sociales et de l'univers mental du Moyen Age et proposer un renouvellement de certains concepts sociologiques.

02/2023