L'Ensorcelée
C'est un drame horrible mais qui a, si je ne m'abuse, une incontestable grandeur. Le pinceau qui a peint ces têtes étranges et ces mœurs accentuées et à caractères, s'étale sur la toile en peignant, comme la Griffe du Lion sur le sol. Je n'ai rien fait d'aussi mâle de pensée et d'exécution. Il n'y a pas là dedans une mignardise. C'est plus de la littérature d'homme que de femme, quoique la passion qui est toute la vie de la femme, l'amour, y bouillonne jusqu'au délire, et jusqu'à la mort volcanique de la pauvre créature humaine. Puis il y a là dedans, encore, l'audacieuse aventure d'un fantastique nouveau, sinistre et crânement surnaturel, - car on voit que l'auteur y croit sans petite bouche et sans fausse honte.
Barbey d'Aurevilly
10/1966