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9782745313157

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Critique littéraire

Molière, dramaturge libertin

Molière pratique la dis/simulation pour masquer une pensée antichrétienne et épicurienne conforme à la leçon de Lucrèce. Il s'attaque dans le Tartuffe et Le Misanthrope aux deux erreurs extrêmes du camp dévot (celles des jésuites et des jansénistes). Loin d'être l'expression de son propre libertinage " flamboyant ", Dom Juan met en scène une nouvelle imposture, car il est un " faux libertin ", comme Tartuffe est un " faux dévot " et Alceste un " faux Solitaire ". Dans L'Amour médecin, il exploite le mot-clef fourni par Sganarelle : " impie en médecine ". En effet, sous le masque de l'imposture médicale, il dénonce l'imposture des théologiens, et cette allégorie parcourt toutes les pièces ultérieures. L'imposture divine, qui mine la certitude de l'évidence cartésienne et celle de la doctrine chrétienne qu'elle prétendait démontrer, est mise en scène et ridiculisée dans Amphitryon. Enfin, Argan, le malade imaginaire, convaincu que son sang est " corrompu ", que sa nature est " tombée " en corruption, incarne le chrétien superstitieux, dupé par l'imposture religieuse, alors que " les principes de notre vie sont en nous-mêmes ". Le théâtre de Molière a été censuré pour de mauvaises raisons, mais une philosophie libertine y figure bel et bien, fortement appuyée sur la lecture de Pierre Charron, de La Mothe Le Vayer et de la synthèse épicurienne de Gassendi. La série Essais des Champion Classiques réunit des études fondamentales qui ont fait ou font date dans le domaine considéré. Elles sont issues du fonds des Éditions Honoré Champion, revues, corrigées, augmentées si nécessaires, ou publiées pour la première fois dans une collection de référence.

10/2005