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9782490579648

Extraits

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Littérature française

Vivants

J'apprends à mon père à écrire son nom. Il tient bien le stylo entre ses trois doigts, il ne tremble pas. Est-il épaté ou troublé d'écrire pour la première fois de sa vie, à trente-six ans ? Mon père est de cette génération qu'on a fait venir en France après la Seconde Guerre mondiale, pour reconstruire ce que les Américains et les Allemands avaient bombardé. Que de temps perdu, depuis les années qu'il est là. On aurait pu proposer aux ouvriers algériens des cours du soir, leur montrer ainsi un peu d'estime. Ils devraient tous savoir lire et écrire. Mon père sourit, ses yeux brillent. Il est là, surpris, ému, parce qu'il voit bien que ce n'est pas si difficile que ça de se servir d'un stylo. A côté de lui, j'entends sa respiration, son souffle. A quoi pense-t-il ce soir dans notre baraque ? Se dit-il qu'analphabète, il est une proie facile pour ses employeurs, un animal en captivité ? La colère monte en moi. Vivants est le sixième roman de Mehdi Charef, qui a notamment publié Le Thé au harem d'Archi Ahmed (1983) et réalisé onze films. Entre souvenirs d'une Algérie qui s'éloigne et expériences d'une France pas toujours accueillante, dans une cité de transit où le provisoire s'éternise, des enfants, des femmes et des hommes fêtent des naissances et des mariages, s'équipent en télévisions et en machines à laver, découvrent la contraception et les ambulances, rient, pleurent, s'organisent, s'entraident... et vivent.

08/2020

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Littérature française

Vivants

1963. Ahmed et sa famille sont relogés dans une cité de transit. Une solution provisoire, un peu plus confortable que le bidonville, dans l'attente du graal, les HLM. Des baraques améliorées, avec eau courante et électricité, que les femmes considèrent comme un miracle. Le lino a remplacé la terre battue, mais l'avenir reste incertain pour le petit garçon. Le provisoire s'éternise. Décidé à échapper à l'usine, seules l'école et la maîtrise du français lui permettront de transmettre sa colère, mais aussi sa joie d'être en vie...

09/2021