Mon cerveau, ma boussole... mon accoucheur littéraire
La vie et l'oeuvre de Flaubert ne pourraient se comprendre sans la présence de Louis Bouilhet. Bouilhet fait partie des intimes de Flaubert, à l'instar d'Alfred le Poittevin ou Maxime Du Camp. Les deux hommes se ressemblent étrangement, et de même que l'on considéra Maupassant comme le fils de Flaubert, d'aucuns virent en Louis le frère de Gustave... Camarade de collège et poète, il est l'ami de coeur, celui avec lequel Flaubert partage son goût de la farce potache, et qu'il pleure quand il disparaît : "... En perdant mon pauvre Bouilhet, j'ai perdu mon accoucheur littéraire, celui qui voyait dans ma pensée plus clairement que moi-même. Sa mort m'a laissé un vide dont je m'aperçois chaque jour davantage ..." Bouilhet est celui qui inspire la création de Flaubert, compagnon d'écriture qui l'entretient dans une exigence littéraire soutenue, celle qui lui souffle l'idée de Madame Bovary. Pendant des années il vient à Croisset où Flaubert l'attend dans son "gueuloir" pour lui lire ce qu'il est en train d'écrire. Truculentes, féroces, brillantes, ces lettres uniques permettent de redécouvrir aussi l'oeuvre du "pauvre Bouilhet", auquel Flaubert resta fidèle après sa mort prématurée. De toutes les correspondances de Flaubert c'est sans doute la plus vivante mais aussi la plus attachante tant elle recèle de confidences. C'est dire son importance.
09/2021