Corps inflammables
Un beau brun mystérieux et athlétique fait escale dans le bar d'un minuscule bled du Delaware. Il est aussitôt séduit par une rousse dont le corps incendiaire contraste avec l'attitude glaciale. Le lecteur qui connaît ses classiques pense immanquablement au Facteur sonne toujours deux fois. Comme dans le roman de James M. Cain, les deux héros s'attirent et se repoussent comme des aimants. Pourquoi jouent-ils ainsi au chat et à la souris, sous k regard placide de deux habitués du bar, et le regard jaloux de la serveuse, à l'évidence sous le charme du mystérieux inconnu ? Sur ce canevas éprouvé, Laura Lippman joue bientôt sa propre partition. Dc dialogue nerveux en retournement stupéfiant, elle alterne les points de vue des personnages pour explorer un jeu de masques, toujours sur k point de virer au jeu de massacres, s'il n'y avait k coeur brûlant du récit, qui ne cesse de muter sous les yeux du lecteur qui ne cesse, lui, de tourner les pages. Ce coeur, c'est le désir : désir charnel qui aimante les deux héros en rupture de ban, le temps d'un été d'autant plus intense que chacun pressent que ce sen peut-étre le dernier. Et voilà qu'à Belleville, pas loin de la Baltimore du Mildird Pierre de Cain ou des romans d'Anne Tyler, dans lesquels tant de femmes au foyer ont tenté de prendre le large pour échapper à l'étroitesse de leur condition domestique, une héroïne, qui change de vie, d'identité et de mari comme de couleur de cheveux, décide de prendre en main son destin, en se heurtant à tous ces impossibles qui font les grands romans noirs, les grandes love scories comme les meilleurs thrillers.
11/2019