Un été nazi
Maman dit qu'on est à nu, parce qu'il n'y a plus de murs pour nous protéger si les bougnoules arrivent. Papa répond qu'elle dit que des conneries, que les bougnoules sont pas encore là et que s'ils arrivent, il est armé jusqu'aux dents. Je rassure Maman en lui criant que moi aussi je tuerai les bougnoules s'ils arrivent pour la violer. - ; T'es mignon, Alex, mais tu n'as que 10 ans, mon grand. Tu pourras pas faire grand-chose. Alex vit dans un petit village du nord de la France avec sa mère et son père, un gendarme souvent en déplacement. C'est l'été, il s'ennuie. Que faire à part traîner dans la campagne et rêver aux nazis dont on parle avec fascination dans son entourage et qui l'impressionnent avec leurs costumes et leurs bottes brillantes ? Quand il rencontre Seb et Dady, deux gamins du coin, ses journées s'animent : à eux trois, ils décident de chasser le " bougnoule ". Mais ils ont beau errer dans le village, ils n'en trouvent pas et font les quatre cents coups pour passer le temps. Jusqu'à ce qu'une nouvelle famille s'installe dans le voisinage, avec un bébé adopté au Sénégal. Comment ? Une bougnoule ? Les villageois se mobilisent. Un été nazi, fortement inspiré de la réalité, expose à travers le regard d'un enfant le racisme banal que l'on peut rencontrer partout en France, jusque dans la ruralité profonde. Entre rires et perplexité glaçante, on en pénètre ainsi la dimension burlesque, qui confine à l'absurde.
06/2020