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9782070726394

Extraits

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Littérature française

La Prisonnière

Il faut absolument que j'épouse Albertine, concluait le jeune Marcel à la fin de Sodome et Gomorrhe. Imaginait-il alors qu'il allait s'engager dans de bien étranges fiançailles ? Pouvait-il soupçonner que son aspiration au bonheur le conduirait au bord du désespoir ? Le voici, en effet, bientôt livré aux tourments de la jalousie amoureuse. Avec lui nous pénétrons dans le monde clos, obsédant, maladif de La Prisonnière, dominé par l'expérience de la solitude et de la souffrance. C'est pourtant au terme de cette épreuve qu'il découvrira le pouvoir rédempteur de l'Art, pour s'acheminer vers la découverte lumineuse du temps retrouvé. " Maintenant que nous avons surmonté l'étonnement inévitable du début, que nous sommes habitués à une nature " proustienne ", que nous connaissons les lois, les courants, la germination intérieure de cette nature, il me semble au sortir de ma lecture qu'il n'y avait rient dans les volumes précédemment parus de supérieur à La Prisonnière. L'analyse s'exerce, se prolonge, tournoie, jouit d'elle-même, avec une virtuosité, un élan qui nous fait songer moins à l'analyse pure, technique et froide, qu'à la poésie de l'analyse. C'est de la vie directe, fraîche, qui jaillit de toutes parts. " Albert Thibaudet

05/1993

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Littérature classique

La prisonnière

Extrait : "Dès le matin, la tête encore tournée contre le mur, et avant d'avoir vu, au-dessus des grands rideaux de la fenêtre, de quelle nuance était la raie du jour, je savais déjà le temps qu'il faisait. Les premiers bruits de la rue me l'avaient appris, selon qu'ils me parvenaient amortis et déviés par l'humidité ou vibrants comme des flèches dans l'aire résonnante et vide d'un matin spacieux, glacial et pur ; (...)"

10/2015

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Littérature française

La prisonnière

Dès le réveil, été comme hiver, le temps parisien entre par la fenêtre du Narrateur, frontière entre le monde et l'intime. "Ce fut surtout de ma chambre que je perçus la vie extérieure pendant cette période". Car, profitant d'une absence de sa mère, il a installé chez lui la femme aimée, Albertine, passagère clandestine qu'il tient cachée et surveille à chaque sortie, dans la crainte qu'elle lui préfère tel autre homme ou telle femme. Comment la retenir ? Faut-il dorer la cage du bel oiseau, cadeau après cadeau, dans une débauche de luxe ? Renoncer pour elle à sortir, à voyager, à vivre, en se consumant d'une jalousie sans objet ? Fou d'amour et de douleur, il se fait peu à peu le prisonnier de sa prisonnière. Tandis qu'Albertine devient la geôlière de son geôlier. L'amour est-il la valse mélancolique de deux victimes consentantes ? Dans ce magnifique roman introspectif paru en 1923, Proust développe magistralement sa vision de la jalousie, corollaire nécessaire de l'amour. Cet extraordinaire huis-clos est le récit d'une passion démesurée, qui se dévore elle-même. La Prisonnière offre l'une des plus belles réflexions de la littérature sur l'impossibilité de l'amour, pourtant éternellement recommencé.

09/2022

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Littérature française

La prisonnière

"L'amour c'est l'espace et le temps rendus sensibles au coeur." Paru à titre posthume le 14 novembre 1923, presque un an jour pour jour après la mort de Marcel Proust, "La Prisonnière" est le volet central d'un roman de la jalousie, dont les fils enferment les deux protagonistes, comme jadis Odette et Swann. Croyant pouvoir apaiser ses tourments et soustraire Albertine à ses fréquentations lesbiennes, le narrateur installe la jeune femme chez lui, à Paris. Mais cette vie commune arrachée aux convenances morales ne fait qu'attiser sa soif de possession, en même temps qu'elle nourrit sa lassitude vis-à-vis de celle qu'il en vient désormais à considérer comme un obstacle à ses désirs de voyage et à ses possibilités de rencontres amoureuses. D'enquêtes en interrogatoires, le narrateur, geôlier prisonnier de sa propre jalousie, exacerbe les penchants d'Albertine pour le mensonge et, finalement, précipite sa fuite. Drame à huis clos marqué du sceau de la mort imminente, "La Prisonnière" donne pourtant un souffle nouveau à la "Recherche du temps perdu" grâce à Albertine, héroïne d'une fulgurante modernité.

05/2025

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Littérature française

La prisonnière

"Je pouvais, mettre ma main dans sa main, sur son épaule, sur sa joue, Albertine continuait de dormir. Je pouvais prendre sa tête, la renverser, la poser contre mes lèvres, entourer mon cou de ses bras, elle continuait à dormir comme une montre qui ne s'arrête pas, comme une bête qui continue de vivre quelque position qu'on lui donne, comme une plante grimpante, un volubilis qui continue de pousser ses branches quelque appui qu'on lui donne. Seul son souffle était modifié par chacun de mes attouchements, comme si elle eût été un instrument dont j'eusse joué et à qui je faisais exécuter des modulations en tirant de l'une puis de l'autre de ses cordes, des notes différentes."

11/2019

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Littérature française

La prisonnière

"Je pouvais mettre ma main dans sa main, sur son épaule, sur sa joue, Albertine continuait de dormir. Je pouvais prendre sa tête, la renverser, la poser contre mes lèvres, entourer mon cou de ses bras, elle continuait à dormir comme une montre qui ne s'arrête pas, comme une bête qui continue de vivre quelque position qu'on lui donne, comme une plante grimpante, un volubilis qui continue de pousser ses branches quelque appui qu'on lui donne. Seul son souffle était modifié par chacun de mes attouchements, comme si elle eût été un instrument dont j'eusse joué et à qui je faisais exécuter des modulations en tirant de l'une, puis de l'autre de ses cordes, des notes différentes".

06/1992