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En 1721, Montesquieu dresse avec son roman épistolaire Lettres persanes le portrait critique de son époque. Sous couvert d'un regard étranger factice, il manifeste d'ores et déjà l'esprit des lois qui l'occupe tant quelques années plus tard. Juriste, ALAIN SUPIOT prolonge le geste tourbillonnant des correspondances en envoyant quelques lettres au philosophe. En portant un regard implacable sur notre présent, il met au jour les chaînes secrètes qui nous relient à ce magistral exercice d'anthropologie inversée.

Deux Persans découvrent le Paris de la Régence. Comment ce voyage les transformera-t-il? Et comment évolue le monde qu'ils ont laissé derrière eux? " Entrer chez les gens pour déconcerter leurs idées, leur faire la surprise d'être surpris de ce qu'ils font, de ce qu'ils pensent, et qu'ils n'ont jamais conçu différent, c'est, au moyen de l'ingénuité feinte ou réelle, donner à ressenti toute la relativité d'une civilisation. " Paul Valéry. Vous trouverez dans le dossier : l'œuvre intégrale, des groupements de textes, les repères historiques, culturels et littéraires, l'étude des genres, une préparation au baccalauréat.

Un grand seigneur persan, curieux des mœurs occidentales, séjourne longuement à Paris vers la fin du règne de Louis XIV et dans les années de la Régence. Comme au sortir d'un long hiver, une nation tout entière s'éveille alors à la critique et sous le regard étonné de son hôte, ses institutions et ses mœurs, ses coutumes et ses croyances vont révéler leurs fondements comme leurs folies - car un pays dont le souverain peut choisir " un ministre de dix-huit ans et une maîtresse de quatre-vingts où sévissent impunément les séides d'un pape magicien " n'est-il pas, au plus haut point, le royaume de l'anti-nature ? Par la voix de son Persan, Montesquieu crible de traits une société qui se délite avec éclat. Mais que l'on se rassure : la gravité, ic i, n'est pas de mise. " Il y avait alors une quantité d'hommes, vifs et sensuels, dont l'intelligence agitait l'Europe et tourmentait énormément toutes choses, divines et autres, on avait des manières, même dans la rue. Les marchands savaient former une phrase, jusqu'aux traitants, aux filles, aux espions et aux mouches qui s'exprimaient comme personne aujourd'hui. Le fisc exigeait avec grâce ", nous assure Paul Valéry. Si cet art de vivre et de parler s'est perdu, le génie de Montesquieu nous en conserve heureusement l'inaltérable témoignage dans ce roman épistolaire qui, pas sa foisonnante diversité, est sans doute le chef-d'œuvre de la renaissance baroque.

Outre le texte intégral des " Lettres persanes " accompagné d'une table des matières rédigée par Montesquieu et d'un index, on trouvera ici une étude exhaustive des sources d'inspiration de l'auteur : de la Bible aux voyageurs qui, comme Chardin pour la Perse, rapportèrent des lointaines contrées des récits merveilleux et des objets exotiques dont la mode s'empara aussitôt. Edition présentée et commentée par Pierre Malandain, professeur de littérature française à l'université de Lille III.

" Le roi de France est le plus puissant prince de l'Europe. Il n'a point de mines d'or comme le roi d'Espagne son voisin ; mais il a plus de richesses que lui parce qu'il les tire de la vanité de ses sujets, plus inépuisable que les mines. On lui a vu entreprendre ou soutenir de grandes guerres, n'ayant d'autres fonds que des titres d'honneur à vendre, et, par un prodige de l'orgueil humain, ses troupes se trouvaient payées, ses places munies, et ses flottes équipées ". Edition présentée et commentée par Pierre Malandain, professeur de littérature française à l'université de Lille III.

Deux Persans, Usbek et Rica, se rendent en France, où ils séjournent quelques années. Ils se livrent alors à une comparaison entre les moeurs françaises et celles de leur propre pays, décelant entre elles des équivalences surprenantes et s'étonnant aussi de l'étrangeté de certaines pratiques européennes. Dans ce roman tout à la fois sérieux et drôle, Montesquieu prend le masque de l'Oriental musulman pour représenter autrement la société de son époque. Il évoque, sur le ton de l'ironie, les prestiges éblouissants et trompeurs, les cérémonies absurdes et les abus de pouvoir. Son oeuvre nous entraîne dans la découverte d'un passé lointain et proche ; elle constitue une des manifestations les plus réussies de ce "règne de la critique" qui caractérise, à beaucoup d'égards, le Siècle des lumières. Un choix d'extraits annotésUn questionnaire bilan de première lectureDes questionnaires d'analyse de l'oeuvreTrois corpus accompagnés de questions d'observation, de travaux d'écriture, et de lecture d'imagesUne présentation de Montesquieu et de son époqueUn aperçu du genre de l'oeuvre et sa place dans l'histoire littéraireUn dossier "Spécial bac" proposant un groupement de textes et des sujets d'écrit sur le parcours : Le regard éloigné.