La séparation
Un jour, vous ne trouvez plus sa main, ses doigts. En moto, quand vous conduisez, elle ne vous serre plus la taille comme avant. Son rire et ses sourires ne vous sont plus réservés ni même destinés. Vous aimeriez comprendre, vous devriez attendre. Mais vous ne pouvez pas, vous posez trop de questions auxquelles elle préférerait ne pas répondre. Elle y répond pourtant. Mais si, elle vous aime. Seulement elle a besoin d'une autre vie, mais sans vous. Elle vous rassure. Ce ne sera jamais complètement sans vous, puisqu'il y a les enfants. Vous en parlez à vos amis, vous apprenez qu'ils ont tous vécu le même genre d'histoire, que certains s'en sont sortis, d'autres pas. Vous essayez la colère, la patience, la dérision. Ca ne marche pas. Vous découvrez des nuits plus blanches, vous suivez des chemins improbables et puis vous choisissez d'écrire. Avec vos impudeurs d'enfant mais votre pudeur d'homme. Ecrire pour respirer. Ecrire le roman de tous ceux et celles de votre génération, que seule une vraie rupture est sans doute capable de faire enfin grandir. La Séparation a obtenu le prix Renaudot 1991.
12/1991