Qui veut mon rein ?

Albert, Amy, Judith, Melissa et Michael ont quelque chose de singulier en commun : ils ont volontairement décidé de donner un rein à un parfait inconnu, pour la beauté du geste. Dans le jargon médical, on parle de donneur altruiste. C'est un cas de figure extrêmement rare. En Suisse, on enregistre à peine quelques candidatures par année, et en France ce type de dons est tout simplement interdit. Pourtant, dans tous les pays du monde, le temps d'attente pour une greffe de rein se compte en années et la situation a empiré en 2021, en raison de la pandémie de coronavirus qui a porté un sérieux coup de frein aux transplantations. Beaucoup de malades, désespérant de recevoir une greffe de rein à temps, se tournent vers le marché clandestin. Dans un tel contexte, les donneurs altruistes ne peuvent que susciter une certaine circonspection. N'ont-ils pas secrètement été payés ? Et sinon, sont-ils bien sains d'esprit, pour accepter de se faire mutiler par dilection du prochain ? C'est à ces questions que ce livre tente de répondre en recueillant les témoignages de plusieurs donneurs altruistes, dont le Suisse romand Albert, interrogé à plusieurs reprises avant et après son opération.

Moi, en revanche, je suis née pour une raison très précise. Je ne suis pas le résultat d'une bouteille de mauvais vin ou de la pleine lune ou de la chaleur du moment. Je suis née parce qu'un scientifique a réussi à combiner les ovules de ma mère avec les spermatozoïdes de mon père pour produire une matière génétique de très grande valeur. A treize ans, Anna a déjà subi de nombreuses interventions et transfusions afin que sa soeur Kate puisse combattre la leucémie qui la ronge depuis l'enfance. Anna sait qu'elle a été conçue pour être génétiquement compatible avec son aînée et qu'elle est son seul espoir. Cependant, lorsqu'on lui demande de faire don d'un rein, l'adolescente refuse. Elle veut disposer librement de son corps et ira jusqu'au bout pour se faire entendre...